Quinzième dimanche du Temps ordinaire, Année B - 15 juillet 2018
Lorsque les évangiles nous rapportent l’appel lancé par Jésus à ces jeunes disciples et apôtres, cet appel est toujours fait avec compassion. Jésus veille sur ceux qu’il appelle, il les aime, les met au défi et les incite à être quelque chose qu’ils n’auraient jamais pu imaginer!
L’évangile de ce dimanche (Marc 6, 7-13) porte sur la formation de ceux qui éventuellement propageront l’Évangile aux quatre coins du monde. Marc perçoit l’enseignement et le travail des apôtres comme un prolongement de l’enseignement et de l’œuvre de Jésus. Dans le récit de Marc, cet appel des Douze est vu dans l’invitation de Jésus à devenir pêcheur d’hommes (Mc 1, 16-20), puis des Douze choisis pour être avec Jésus et recevoir l’autorité pour prêcher et expier les démons (3, 13-19). On leur donne maintenant la mission spécifique d’exercer cette autorité en paroles et en actes comme représentants de Jésus.
Dans ce récit de l’appel, Jésus n’interdit pas la visite de territoire païen ou l’entrée de ville de Samarie. Ces différences indiquent une certaine adaptation aux conditions à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine et suggère, d’après le récit de Marc, une activité tardive dans l’Église. Du reste, Jésus exigeait de ses apôtres une dépendance totale à Dieu pour la nourriture et l’abri (Cf. Mc 6, 35-44; 8, 1-9). Logeant dans une même demeure en tant qu’invité (6,10), au lieu d’aller dans un lieu plus confortable évitait toute impression de chercher des avantages pour soi et déshonorer son hôte. Pourquoi Jésus dit-il à ses apôtres de ‘voyager léger’ avec peu ou pas de provision? Il veut que ses disciples dépendent de lui et non d’eux-mêmes. Il promet d’œuvrer à travers et en chaque personne appelée à sa gloire. Secouer la poussière de ses pieds servait de témoignage contre ceux qui rejetait l’appel au repentir.
Aide ou obstacle?
L’ignorance des disciples est l’un des thèmes récurant de l’évangile de Marc. En lisant l’évangile au complet, nous constatons que les disciples sont à la fois un obstacle et une aide pour Jésus. Ils ne comprennent pas ces paroles ni ne l’appuie dans sa mission. À maintes reprises, Jésus les blâme pour leur incapacité à comprendre et pour leur dureté de cœur. Mais lorsque les disciples comprennent mal Jésus et le laisse tomber, ils font plus qu’exercer sa patience. Ils servent de cobayes. Ceux qui ‘songent aux choses du monde’ plutôt qu’aux choses de Dieu ne peuvent comprendre que le chemin étroit qui se trouve devant Jésus doit nécessairement se terminer à la croix. Ainsi ils agissent d’une manière qui risque de détourner Jésus de sa voie.
Nous nous demandons souvent: «Pourquoi Marc a-t-il présenté les disciples sous un mauvais jour? » Les lecteurs de Marc de l’époque eux, auraient porté leur attention non pas sur le stratagème littéraire de l’auteur mais sur les événements dépeints dans le récit. Ils se seraient demandés quelque chose comme: «Comment comprendre que des disciples, que nous savons de grands leaders, soient si faibles et agissent de façon aussi honteuse?» La réponse à cette question aurait été évidente: Dieu avait ouvert les yeux des disciples et les avait transformés. D’hommes qui ne comprenaient pas et qui passaient Jésus au test, ils étaient devenus des serviteurs dignes et mêmes des leaders qui ne craignaient rien! Il y a donc de l’espoir pour nous ! Les chrétiens se sont souvenus des récits de ces appels, conscients de leurs propres faiblesses et de leurs propres échecs, mais aussi confiants en la présence du Seigneur qui triomphe de la peur.
Au nom de Jésus
Quel genre d’autorité et de pouvoir le Seigneur souhaite-t-Il que nous exercions à sa place? Jésus a donné à ses apôtres le pouvoir et l’autorité de parler en son Nom. Il leur prescrit de faire le travail qu’il faisait : chasser les esprits mauvais, guérir les malades et proclamer la Parole de Dieu qu’ils avaient reçue de Jésus. En parlant de pouvoir et d’autorité, Jésus faisait quelque chose de tout à fait nouveau. Il mariait pouvoir et autorité avec amour et humilité. Le ‘monde’ et la ‘chair’ cherchent le pouvoir pour des gains égoïstes. Jésus nous enseigne à nous en servir pour le bien de notre prochain. Suivre Jésus est un risque, comme n’importe quel chemin de vie. Chacun de nous est appelé à enseigner comme Jésus et à guérir avec compassion et audace comme il l’a fait.
Loi, Prophètes et Écritures
À la lumière de la première lecture tirée du livre du prophète Amos (7, 12-15), j’aimerais aussi offrir quelques réflexions sur le lien entre Jésus et la Loi, les Prophètes et les Écrits de l’Ancien Testament. D’une part, Jésus connaît parfaitement la Loi et l’observe avec dévotion. D’autre part cependant, Il se montre parfaitement libre face à elle. Il souhaite donner une interprétation authentique de la Loi. Il va jusqu’à se déclarer le nouveau faiseur de loi, avec une autorité comparable à celle de Dieu. Il est Lui-même l’accomplissement de la Loi (cf. Romains, 10, 4).
Jésus montre également qu’Il est la continuation authentique des prophètes, tant par son message que par sa vie. Comme eux, Il proclame la foi dans le ‘Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob’ (Mt 2, 32). Il défend les droits de Dieu et des pauvres (cf. Mt 11, 20-24). D’un autre côté, Jésus n’hésite pas à se déclarer plus grands qu’eux. Il leur est supérieur, non seulement dans la ligne prophétique, mais Il est le premier, comme origine et source de toute inspiration prophétique.
Il est plus grand que Jonas et Salomon (cf. Mt 12, 41-43; Lc 11, 31-32). Il est plus grand que Moïse et Il est le premier de tous les prophètes avant Jean (Jn 1, 15), Moïse (Jn 6, 46) et Abraham (Jn 8, 56-58). Il est important de noter que Sa primauté n’est pas uniquement temporelle, mais existentielle. Son ‘avant’ est infini, parce qu’il est éternel: «Abraham votre père a tressailli d’allégresse dans l’espoir de voir mon Jour. Il l’a vu, et il a été dans la joie. [...] Amen, amen, je vous le dis : avant qu’Abraham ait existé, moi, JE SUIS. (Jn 8, 56-58)»
Jésus se présente aussi comme l’accomplissement des écrits de la sagesse de l’Ancien Testament. Jésus accomplie la Loi et les Prophètes en incarnant cette conscience de lui-même: il incorpore la voie et en fait la réforme par son témoignage. Il donne à travers Sa vie et même Sa mort. Il y a un changement radical de valeurs, comme si une nouvelle création allait émerger d’une création en plein bouleversement.
Par Sa mort, Jésus explique la contradiction apparente des valeurs dans les écrits de la sagesse, et ouvre le chemin qui semblait être une impasse pour le genre humain. Pour ceux et celles qui suivent Jésus, et espérons que ce soit chacun de nous, nous devons marcher dans Ses pas, endurer l’incompréhension, la souffrance et même la mort afin d’être vraiment ses disciples. Plus l’on sonde la profondeur de ces mêmes Écritures qu’Il a accomplies par sa vie, plus nous deviendrons semblables à Lui.
Un appel étendu
Prenez un peu de temps cette semaine pour réfléchir à la manière dont le Seigneur vous appelle à être un disciple. Comment avez-vous senti l’appel personnel du Christ? Comment fait-il une différence dans votre vie? Qu’exige de vous cet appel? Quelles expériences ou personnes vous ont permis d’approfondir cette foi? Est-il possible d’être disciple de Jésus et de faire malgré tout l’expérience de la faiblesse ou de l’échec? Comment pouvez-vous, comme disciple de Jésus, prendre part à sa mission d’enseignement et de guérison aujourd’hui? Vers qui êtes-vous envoyés?
(Les lectures pour le 15 dimanche du temps ordinaire B : Amos 7, 12-15 ; Éphésiens 1, 3-14 ; Marc 6, 7-13)