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Magnifying Glass

Élever son enfant à l'exemple de Carlo Acutis

Aline Haddad

vendredi 11 avril 2025

Ma fille entrain de prier à la cathédrale de saint Maron à Montréal
Ma fille est entrain de prier à la cathédrale de saint Maron à Montréal
Élever son enfant dans la foi chrétienne est un beau défi au quotidien, mais aussi une véritable épreuve dans un monde où les distractions numériques sont partout. Chaque jour, nous faisons face à des choix qui influencent la manière dont nos enfants grandissent, ce qu’ils regardent, ce qu’ils apprennent et ce qui façonne leur vision du monde.
Ma fille de 9 ans a fait sa première communion l’année dernière, un moment rempli de joie et de foi pour elle comme pour nous. C’était un temps de grâce, où elle a pris conscience de l’importance de sa relation avec Dieu et de la force de la prière. Jusqu’à l’âge de 7 ans, nous avons fait le choix de la garder éloignée des écrans, non pas par opposition à la technologie, mais parce que nous voulions lui offrir un environnement où l’imaginaire, la lecture, les jeux et les échanges en famille occupaient une place centrale. Nous avons privilégié les histoires du soir, les jeux de société, les sorties en plein air, et ce temps nous a permis de tisser des liens forts avec elle.
Mais aujourd’hui, la réalité nous rattrape. Ses amis sont de plus en plus nombreux à posséder une tablette ou un téléphone, à passer du temps sur des jeux en ligne ou à regarder des vidéos à longueur de journée. Lorsqu’elle revient de l’école, elle nous raconte que tel camarade joue à Roblox, que telle amie a une chaîne YouTube favorite ou possède un compte TikTok, et qu’elle se sent parfois mise à l’écart parce qu’elle ne connaît pas ces références. La pression sociale commence à se faire sentir : « Pourquoi moi je n’ai pas le droit alors que tout le monde le fait ? »
C’est un dilemme auquel de nombreux parents sont confrontés : comment poser des limites sans que notre enfant ait l’impression d’être exclu.e de son cercle d’ami.es ? Comment lui expliquer que nos choix éducatifs ne sont pas une punition, mais une manière de l’aider à grandir avec discernement ?
Nous avons donc cherché des alternatives. Plutôt que de diaboliser les écrans, nous avons commencé à l’orienter vers des applications et des contenus enrichissants : le dessin numérique, l’apprentissage des langues, et bien sûr, des applications axées sur la foi. Mais même en proposant ces solutions, le défi demeure. L’attrait du divertissement instantané, des vidéos virales et des jeux en ligne reste fort, et il nous faut sans cesse l’accompagner, lui expliquer, et surtout lui donner l’exemple par notre propre usage des écrans.
 

Carlo Acutis : Un modèle pour la jeunesse connectée

Dans cette quête d’un équilibre entre foi et numérique, un exemple m’est venu en tête : Carlo Acutis. Ce jeune Italien, qui sera canonisé à la fin du mois, est un modèle fascinant pour notre époque. Né en 1991 à Londres, il a grandi à Milan dans une famille ordinaire ; mais très tôt, il a montré un attachement particulier à la foi. Dès son plus jeune âge, il avait une profonde dévotion pour l’Eucharistie et assistait à la messe quotidiennement, ce qui est peu commun pour un enfant de son âge.
Mais Carlo n’était pas un enfant coupé du monde moderne. Passionné d’informatique, il a appris seul à programmer, à créer des sites web et à utiliser la technologie pour une cause bien plus grande que le simple divertissement. À l’âge de 11 ans, il a entrepris un projet ambitieux : créer une plateforme en ligne pour recenser et documenter les miracles eucharistiques du monde entier. Son objectif ? Partager avec le plus grand nombre la beauté et la vérité de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie, en utilisant les outils numériques à bon escient.
Malgré son amour pour la technologie, il ne s’est jamais laissé absorber par elle au détriment de sa relation avec Dieu et les autres. Il avait conscience du danger d’une vie dominée par les écrans et mettait un point d’honneur à limiter son propre usage des technologies. Il disait souvent :
« L’Eucharistie est mon autoroute vers le ciel. »
Et aussi cette phrase devenue célèbre :
« Tous naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies. »
Ces paroles résonnent particulièrement dans un monde où les jeunes sont souvent influencés par les tendances des réseaux sociaux, cherchant à imiter plutôt qu’à cultiver leur propre identité.
À 15 ans, Carlo est tombé malade d’une leucémie foudroyante. Malgré la douleur, il a accepté sa maladie avec une foi inébranlable, offrant ses souffrances pour l’Église et pour le Pape. Il est décédé en 2006, laissant derrière lui un témoignage puissant de sainteté accessible, enracinée dans la vie quotidienne et dans une utilisation vertueuse de la technologie.
Lorsque j’ai parlé de Carlo Acutis à ma fille, elle a été intriguée. Elle a lu son histoire et a été surprise de voir qu’un jeune si proche d’elle en âge avait réussi à concilier foi et technologie de manière inspirante. Cela l’a fait réfléchir sur sa propre utilisation des écrans et lui a donné envie d’en apprendre plus sur la manière dont elle pourrait aussi utiliser le numérique pour quelque chose de plus grand que le simple divertissement.
 

Comment guider nos enfants dans un monde ultra-connecté ?

L’exemple de Carlo Acutis m’a confortée dans l’idée qu’il est possible d’utiliser le numérique intelligemment, sans sacrifier les valeurs chrétiennes. Plutôt que de voir les écrans uniquement comme un danger, je réalise qu’ils peuvent aussi être un outil puissant d’apprentissage, de créativité et même d’évangélisation. Mais pour cela, un cadre clair et une guidance bienveillante sont essentiels. Voici quelques principes que j’essaie d’appliquer avec ma fille :
 

1. Encadrer et orienter l’usage des écrans

L’interdiction totale des écrans n’est plus une solution viable lorsque nos enfants grandissent dans un monde où le numérique fait partie de leur quotidien. Plutôt que de bannir complètement la technologie, nous avons choisi de l’encadrer en établissant des règles claires :
  • Limiter le temps d’écran et privilégier les moments en famille, comme les repas, sans distractions numériques.
  • Choisir ensemble des contenus enrichissants, qu’il s’agisse d’applications éducatives, de documentaires, ou même de dessins animés portant sur des valeurs positives.
  • Impliquer l’enfant dans le choix des médias pour lui apprendre à discerner ce qui est bénéfique de ce qui est superflu ou nuisible.
Nous avons par exemple exploré des applications chrétiennes interactives, des jeux qui stimulent la réflexion, et des chaînes YouTube éducatives qui abordent la foi de manière accessible. L’idée est de montrer à ma fille qu’il existe un autre usage des écrans que le simple divertissement passif.
 

2. Favoriser les discussions sur les influences numériques

Les enfants sont influencés par ce qu’ils voient en ligne, que ce soit sur YouTube, les réseaux sociaux ou les jeux vidéo. Même sans accès direct aux plateformes populaires, ils entendent parler de certaines tendances et veulent comprendre ce qui les entoure.
C’est pourquoi, je prends le temps de discuter avec ma fille des contenus qu’elle rencontre : Pourquoi certaines vidéos sont-elles conçues pour capter notre attention en permanence ? Pourquoi tant de jeunes veulent imiter des influenceurs et des influenceuses ? Quels sont les dangers des défis viraux ou des interactions en ligne ?
L’objectif n’est pas de diaboliser le numérique, mais d’éveiller son esprit critique. Je l’encourage à me poser des questions et à exprimer son ressenti face aux images et aux messages qu’elle découvre.
 

3. Valoriser le temps passé hors écran

Les écrans sont captivants, mais ils ne doivent pas remplacer les expériences de la vie réelle. Nous avons donc instauré des moments dédiés aux activités non numériques :
  • La lecture, qui nourrit l’imagination et la réflexion.
  • Le dessin et la musique, qui permettent d’exprimer sa créativité.
  • Le jeu en plein air, essentiel pour le développement physique et émotionnel.
  • La prière et la participation à la vie de l’Église, qui l’aident à ancrer sa foi dans le quotidien.
Carlo Acutis lui-même alternait entre sa passion pour l’informatique et des activités qui nourrissaient son âme et son corps, telles que la messe, la charité envers les plus pauvres, le temps en famille et les activités sportives.
 

4. Présenter des modèles positifs

Un autre aspect qui me conforte dans l’importance d’une éducation chrétienne, c’est l’impact qu’elle peut avoir dans les moments difficiles. Ma fille a été intimidée à l’école, et cette période a été particulièrement éprouvante pour elle. Voir son enfant souffrir à cause des autres est une douleur immense pour un parent, et j’ai mis en pratique tous les moyens possibles pour l’aider à surmonter cela.
C’est finalement dans la catéchèse et dans sa foi qu’elle a trouvé une véritable force intérieure. Elle a découvert, à travers les histoires bibliques et les Enseignements de l’Église, que même les saints ont traversé des épreuves et qu’ils ont trouvé leur réconfort en Dieu. L’exemple de Jésus lui-même, qui a connu l’injustice et le rejet, l’a aidée à comprendre qu’elle n’était pas seule et que sa valeur ne dépendait pas du regard des autres.
Nous avons également discuté de la manière dont Carlo Acutis voyait les choses : il disait souvent que notre véritable but dans la vie est d’être proche de Dieu et que ce qui importe, ce n’est pas ce que les autres pensent de nous, mais la façon dont nous choisissons d’aimer et de faire le bien autour de nous.
Sa foi l’a aidée à reprendre confiance en elle, à pardonner et à avancer sans se laisser définir par la douleur qu’elle avait vécue. Aujourd’hui, elle comprend mieux que la vraie force ne réside pas dans la popularité ou l’approbation des autres, mais dans la paix intérieure et la certitude d’être aimée de Dieu.
Dans un monde où les influenceurs, les influenceuses et les célébrités dictent souvent les tendances, il est essentiel de proposer aux enfants d’autres figures d’inspiration. Carlo Acutis en est un parfait exemple : un adolescent passionné par la technologie, mais profondément ancré dans sa foi.
J’essaie de montrer à ma fille qu’il existe des jeunes qui utilisent leur talent pour quelque chose de plus grand que la simple recherche de likes ou de vues. Nous avons lu ensemble des histoires de saints contemporains, de jeunes engagés dans des causes humanitaires et d’enfants qui font une différence autour d’eux. Un rituel aussi fait partie de sa vie quotidienne ;  elle a appris à prier tous les jours avant d'aller se coucher.
En avril 2025, le pape François a souligné l'importance d'une utilisation responsable des nouvelles technologies. Il a exhorté à ce que leur usage « ne remplace pas les relations humaines, respecte la dignité des personnes et aide à affronter les crises de notre temps  ».  Cette réflexion résonne particulièrement dans notre démarche d'accompagner nos enfants dans un monde numérique, en veillant à ce que la technologie serve de pont vers des relations authentiques plutôt que de barrière. 
L’éducation chrétienne à l’ère du numérique est un défi, mais aussi une opportunité. En guidant nos enfants avec bienveillance et discernement, nous pouvons leur montrer que la technologie n’est pas une menace, mais un outil qui, bien utilisé, peut les aider à grandir dans la foi.


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