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Chrétien et scientifique - un évêque bioéthicien soulève les problèmes de la recherche sur les cellules souches

Sébastien Lacroix

mercredi 23 juin 2010

(NDLR: le présent article a été rédigé par Warren Schmidt, csb, séminariste au sein de la Congrégation de Saint-Basile, à Toronto. Il collabore avec Télévision Sel + Lumière pour l'été.)
Étant séminariste avec une formation en biologie, on me demande souvent comment j’ai fait la transition du laboratoire au discernement au sacerdoce. Après tout, la science et la religion ne sont-elles pas en opposition? L’Église catholique ne résiste-t-elle pas au progrès scientifique? Comment une personne de foi peut-elle être à la fois une personne de science et de raison? L’intérêt et la grande joie qui découlent de ma foi catholique, de la vie au séminaire et en communauté religieuse avec les pères Basiliens, ainsi que mon désir de rester au courant du rythme étonnant de la science contemporaine confirment pour moi la valeur de la science et de la religion. Ensemble, la foi et la raison sont des moyens de découvrir la même vérité ultime. Je soutiens, étant profondément chrétien et en même temps scientifique, que cette vérité est essentielle et révélée par Dieu, l’auteur de tout ce qui est bon, y compris tout savoir humain.
Anthony Fisher OPJ’étais donc content ce week-end de rencontrer Mgr Anthony Fisher, évêque du diocèse de Parramatta (New South Wales, Australie). Le lien entre Mgr Fisher et le Canada est bien établi. Il est devenu évêque auxiliaire de Sydney en 2003, et s’est vu peu après confier la tâche d’organiser en Australie la Journée Mondiale de la Jeunesse (JMJ), fait réalisé en 2008. Mgr Fisher cite le modèle du JMJ employé à Toronto en 2002 pour avoir produit ce qu’il a décrit à plusieurs reprises comme «les meilleures semaines dans l’histoire de notre pays».
Né en 1960 et ordonné prêtre en 1991, Mgr Anthony Fisher, qui est entré chez les Dominicains (Ordre des prêcheurs) en 1985, avait étudié en histoire et en droit à l’University of Sydney. Il s’est impliqué dans le mouvement pro-vie à cette université. Par la suite, il a pratiqué le droit dans un cabinet d’avocats à Sydney avant d’entrer dans la vie religieuse. En 1995, il compléta un doctorat en bioéthique à l’Université d’Oxford. Plus tard, il est devenu le premier Directeur du John Paul II Institute for Marriage and Family à Melbourne (Australie), une position qu’il a occupée de 2000 jusqu’en 2003. Mgr Fisher est évêque du diocèse de Parramatta depuis janvier 2010.
Samedi passé, Mgr Fisher était à Toronto pour donner une conférence à la demande de l’Institut canadien catholique de bioéthique (ICCB) à l’Université de St. Michael’s College. Son discours était intitulé Stem Cell Research: Responding to Bioethical Dilemmas in Australia Today (Recherches sur les cellules souches: Évaluation des questions en bioéthique en Australie aujourd’hui). La conférence a porté sur quatre aspects du débat sur la recherche sur les cellules souches en Australie.
Mgr Fisher a d’abord parlé des questions scientifiques à propos des cellules souches. Contrairement à une forte perception populaire, les embryons humains ne sont qu’une source de cellules souches. Certaines cellules souches sont appelées «pluripotentes,» c’est-à-dire qu’elles sont capables de développer une vaste gamme de cellules qui font partie du corps humain. Les cellules souches pluripotentes peuvent former un type de cellules en particulier, par exemple pour réparer une partie du corps qui a été blessée. Les cellules souches pluripotentes induites forment un domaine de plus en plus important. Le financement et la recherche pour découvrir leurs applications thérapeutiques se poursuivent. Les cellules souches peuvent aussi être recueillies et conservées à partir de plusieurs tissus humains, par exemple du muscle, de la moelle osseuse, du placenta et du sang du cordon ombilical. La recherche a aussi été entreprise dans des domaines plus problématiques sur le plan éthique comme le développement des cellules souches hybrides (animal-humain) et sur des cellules souches embryogéniques humaines (ESC, selon le sigle anglais).
Plusieurs formes de cellules souches peuvent donc être isolées par des méthodes qui ne détruisent pas leur organisme source et sont alors permissibles éthiquement. De plus, en dépit de la publicité et du financement de la recherche sur les cellules souches embryogéniques humaines, ces cellules n’ont pas encore démontré en usage clinique et thérapeutique le succès d’autres types de cellules souches obtenues sans entrave à la vie humaine.
Cellule soucheDeuxièmement, Mgr Fisher a mentionné les dilemmes commerciaux de la recherche sur les ESC. Pourquoi, demande l’évêque, y a-t-il une pression si intense en faveur des ESC dans le milieu scientifique. Mgr Fisher a critiqué l’émergence d’une «industrie d’embryons» en Australie et répandue dans la plupart de l’occident qui exige un soutien financier pour survivre. Pour cela, les financiers et le public doivent être persuadés de soutenir une industrie dont la réputation morale est douteuse. Selon Mgr Fisher, la «technique salami»  est utilisée pour convaincre le public que la recherche sur les ESC est une entreprise méritoire. À cause des questions éthiques qu’elle engendre, l’approbation populaire de la recherche sur les ESC ou de la fertilisation in vitro - lié à de la recherche sur les ESC dans la mesure où les embryons de la fertilisation in vitro sont utilisés pour développer des ESC - est peu probable. Donc, le public se voit offrir le « salami ESC » en tranches. Initialement, la fertilisation in vitro est présenté comme un service pro vie. Ceci cache le sacrifice d’embryons humains dans cette technique sous le masque d’amélioration de la qualité de vie. Les prochaines tranches du salami sont d’allonger la liste de ceux qui sont admissibles à la thérapie de fertilisation in vitro, et ensuite de rendre les embryons surnuméraires de la fertilisation in vitro disponibles pour la recherche. Toutes ces tranches du salami, le salami entier donc, deviennent éthiquement et légalement acceptables dans une société comme l’Australie. Mgr Fisher a spéculé que, bien que la recherche sur les ESC soit limitée par la loi canadienne, le Canada ne se trouverait que quelques tranches de salami derrière l’Australie dans notre approbation de la recherche sur les ESC dérivées de la fertilisation in vitro.
Troisièmement, les questions éthiques de la recherche sur les ESC, bien que reliées aux questions scientifiques et commerciales, ont été considérées par Mgr Fisher comme une catégorie distincte. Mgr Fisher soutient que l’embryon humain est le premier stade du développement de l’être humain. D’embryon il devient fœtus, enfant, adulte, et ainsi de suite. Seuls des scientifiques avec un intérêt pour la recherche sur les ESC argumenteraient autrement.
Les Écritures sont remplies de passages qui proscrivent la destruction de la vie humaine et qui citent les bénédictions de Dieu sur l’être humain, qui a alors une dignité fondamentale. Néanmoins, les arguments contre la recherche sur les ESC et contre l’humanité de l’embryon vont être opposés par des déclarations telles que « Nous allons tous mourir éventuellement, alors pourquoi ne pas permettre l’exploitation des ESC ? » Un tel argument propose que certaines personnes sont des «sous humains», ou que nous avons une « date limite d’utilité », a dit Mgr Fisher.
Quatrièmement, il fut question des questions sociales liées à la recherche sur les cellules souches. Mgr Fisher a questionné les motivations de «l’industrie de l’embryon» qui a déjà gagné de grands montants d’argent pour quelques élites et qui risque donc d’être limitée aux riches qui peuvent payer pour les thérapies et pour la recherche. La motivation pour la recherche sur les ESC est-elle altruiste : sauver et guérir des personnes dans le besoin, ou la recherche sur les ESC repose-t-elle sur une obsession de résultats scientifiques - un « impératif technologique »- dans laquelle les embryons humains sont considérés comme simples produits de consommation.
Mgr Fisher a clairement affirmé que l’Église catholique est profondément en faveur de la recherche et du progrès scientifique, à condition que ceux-ci n’empiètent pas sur le droit humain fondamental de vie de la conception jusqu’à la mort naturelle. Dans un monde pluraliste, un grand nombre de personnes ne vont pas accepter la perspective de l’Église catholique en faveur de la dignité fondamentale de l’embryon, qui exclut la recherche sur les ESC. La réponse catholique doit être de garder ouvertes les portes du dialogue avec le monde; ce dialogue doit se poursuivre dans la vérité et la charité. Mais, plus important encore, la contribution catholique au débat sur les ESC, a dit Fisher, exige une «défense vigoureuse de la vie humaine.»
En conclusion, Télévision Sel et Lumière est reconnaissante du rôle indispensable de Mgr Anthony Fisher dans le soutien de la vie humaine. Prions pour lui dans sa capacité de spécialiste en bioéthique et dans sa charge épiscopale de sanctification, d’enseignement, et de gouvernance, qu’il puisse continuer à transmettre et à vivre la Parole de Dieu qui est parole de vie.
Warren Schmidt, csb


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