Salt + Light Media Menu
Salt + Light Media Home
Magnifying Glass
coverPhoto
Contenu Premium

Asset title

Asset description

L'euthanasie et la liberté de conscience: entrevue avec Dr. Caroline Girouard

Francis Denis

lundi 25 avril 2016

blog_1461351740
Le 19 avril dernier, des représentants de différentes religions ont tenu un point de presse au Parlement du Canada afin de faire connaître aux parlementaires leur « opposition à l'euthanasie et au suicide assisté, de même que leurs préoccupations concernant la législation proposée sur l'« aide médicale à mourir ». Parmi les intervenants, se trouvait Dre Caroline Girouard, MD, FRCPC, hématologue-oncologue à l'hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. Je me suis entretenu avec elle.
Dans la pratique médicale depuis 20 ans maintenant, sa tâche principale est d’accompagner et de soigner des patients qui sont souvent porteurs de maladies métastatiques cancéreuses. Cette nouvelle loi qui sera bientôt votée au Parlement fédéral de même que la loi déjà votée au Québec la touchent particulièrement puisqu’une grande majorité de ses patients pourraient potentiellement être éligibles à l’euthanasie.  Par sa présence lors de la conférence de presse, elle désirait faire valoir la voix des plus vulnérables  qu’elle côtoie tous les jours ainsi que défendre la liberté de conscience des médecins afin qu’ils ne soient pas obligés d’appliquer cette loi et, donc, qu’ils puissent continuer de pratiquer avec la même intégrité et la même honnêteté, en soignant leurs patients du mieux qu’ils peuvent et dans les meilleures conditions possibles.
Quels sont les enjeux liés à l’objection de conscience que cette loi soulève concrètement pour vous ?
 Il est clair que lorsqu’on entre en médecine, notre préoccupation principale est de soigner le malade, de le traiter au meilleur de nos compétences. Dans le projet de loi fédéral, on propose de décriminaliser l’injection d’une substance létale dans le but de provoquer délibérément la mort du patient. C’est la définition de l’euthanasie. Au Québec, on joue sur les mots. On parle « d’aide médicale à mourir » et on nous dit que c’est un grand « soin ». Mais, en fait, l’euthanasie reste un homicide et le projet de loi fédéral dit clairement que ce qu'il propose c’est une exemption de la loi criminelle sur les homicides et donc une garantie de non-poursuites judiciaires. Mais cela ne réduirait en rien ma responsabilité professionnelle. Comme médecin, personnellement je ne peux pas tuer un de mes malades ni même l’envoyer se faire tuer. Dans la loi québécoise, on dit « nous protégeons votre liberté de conscience » mais dans les faits le médecin est obligé, par force de loi, de référer à un autre. Alors, si vous me demandez d’appeler mon collègue ou un administrateur pour lui demander de s’occuper d’une demande d’euthanasie que je ne considère pas moi-même comme indiquée, aussi bien dire que c’est moi qui le fais. Dans les deux cas, j’ai la même responsabilité morale et professionnelle. C’est là qu’est mise en jeu la liberté de conscience d’un médecin. Je crois qu’un médecin qui a cette profonde conviction de la valeur intrinsèque de la vie humaine, que ce soit par croyance religieuse, philosophique ou rationnelle, ne peut pas être obligé de tuer un de ses patients contre son gré ni même d’y participer indirectement.
Dans ce contexte, quelle est l’ouverture du gouvernement au respect de la liberté de conscience des IMG_0366médecins ?
Récemment un de mes confrères en soins palliatifs de l’hôpital Notre-Dame s’est fait menacer de sanctions disciplinaires par le ministre de la santé du Québec s'il faisait obstruction à la loi. Évidemment, il n’a pas élaboré sur ces « sanctions disciplinaires » mais le fait est qu’il a affirmé publiquement une telle chose (comme cela a été rapporté dans les journaux), et il est prévisible qu'il appliquerait le même type de sanction à tout autre médecin qui se retrouverait dans cette position.
Dans la présente formulation du projet de loi fédéral, qu’est-ce que vous aimeriez que l’on apporte comme modification sachant que l’interdiction pure et simple de l’euthanasie ne semble plus être possible. Quel serait le moins mauvais projet de loi possible selon vous ?
 Vous avez raison de le souligner, on parle littéralement de moindre mal ici. On comprend que nous sommes dans une situation où la légalisation est malheureusement inévitable. Alors, pour essayer de ménager les plus vulnérables et l'intégrité de la profession médicale, je crois que la première chose est de protéger la liberté de conscience. Si on considère l’ensemble des travailleurs de la santé, il y a une foule de personnes impliquées dans le système de santé qui ne croient pas à cette proposition de fin de vie par euthanasie. On ne peut pas forcer les gens à changer d'opinion par des lois coercitives. Faire ça, ça s'appelle du totalitarisme. Ça n'a pas sa place dans un pays démocratique.
 Donc, dans un premier temps, ce qu’on demande à la loi fédérale c’est une clause explicite qui garantit la liberté de conscience de tous les professionnels de la santé et de ne surtout pas laisser aux provinces le soin de règlementer. De fait, si c’était le cas, il y aurait une énorme variabilité législative selon les provinces. Chaque province a déjà annoncé ce qu’elle était pour faire. Par exemple, l’Ontario a déjà annoncé qu’elle obligerait ses docteurs objecteurs à référer à un collègue. De son côté, le Québec est plus ambigu: il affirme respecter la liberté des médecins mais dans les faits, on nous menace de représailles si on ne participe pas. Chaque province aurait donc sa propre loi qu’elle appliquerait à sa façon. C’est une situation invivable dans un pays comme le Canada où l’on veut uniformiser les soins et la pratique médicale. C’est pourquoi la liberté de conscience des travailleurs de la santé est un droit fondamental qui doit être protégé par le fédéral.
 La deuxième chose qui mérite d’être discutée c’est que dans la loi proposée, les critères d’admissibilité restent extrêmement laxistes à cause de la très grande marge de manœuvre qui est laissée aux médecins pour l'interpréter. La question de savoir qui pourrait être admissible à l’euthanasie est très sérieuse. Au départ, on a prôné que les personnes qui pourraient y avoir recours seraient l’exception, qu’elles seraient une minorité. On nous avait parlé quand tout cela a commencé d’un tout petit pourcentage, réservé aux personnes en phase terminale. Cela n’est absolument pas garanti,  et il appert que depuis la mi-décembre au Québec, on parle déjà de quelques dizaines de morts. Si on laisse les choses aller, la promotion du suicide et de l’euthanasie pourrait même faire en sorte que cela devienne bientôt la façon normale de mourir. C’est cela qu’on veut éviter dans un pays comme le nôtre.


À lire aussi

Catégories: Highlight, Pope Francis, World Youth Day, WYD2023, 教宗方濟各

Étiquettes : 里斯本世青, Pope Francis, WYD2023, 教宗方濟各, 世青

教宗病情穩定、恢復緩慢

samedi 15 mars 2025

鹽與光

有鑒於教宗方濟各的病情穩定,醫生14日晚上沒有發布相關通知。聖座新聞室稱之為「積極」的信號,而且強調之後會減少有關教宗病況的消息。教宗繼續接受治療。

梵蒂岡四旬期避靜第三場及第四場默想

vendredi 14 mars 2025

鹽與光

教宗府講道神師帕索里尼神父在保祿六世大廳帶領的四旬期避靜第三場默想。他探討了人類不斷試圖掩蓋自身軟弱,卻不願直面內心深處的空虛。神父強調,內在之死並非終結,因為天主並不視之為失敗,而是將其看作邁向新生命的起點。帕索里尼神父在第四場默想中強調,天主沒有等到我們死後才賜給我們永生,卻在此時此刻就已經賜下,只要我們領受祂的聖神即可獲得。

教宗方濟各狀況穩定,X光檢查證實近日情況有所改善【2025年3月12日】

mercredi 12 mars 2025

鹽與光

羅馬時間,2025年3月12日晚上,聖座新聞室發表了有關教宗方濟各健康狀況的最新消息:「在整體醫療狀況複雜的情況下,教宗的臨床狀況仍然穩定。昨天進行的胸部 X 光檢查從放射學角度證實了前幾天觀察到的病情改善。」

教宗留院的第二十六晚:教宗在傑梅利醫院度過平靜的夜晚

mercredi 12 mars 2025

鹽與光

3月12日早晨,聖座新聞室提供了有關教宗狀況的最新消息。教宗方濟各的臨床症狀保持穩定,在依然複雜的病況下略有好轉。11日,他通過視頻連線參加了在保祿六世大廳舉行的聖座部會避靜活動,專務祈禱,並且領了聖體。此外,他也繼續進行治療,白天接受高流量氧氣治療。

梵蒂岡四旬期避靜第一場及第二場默想

mardi 11 mars 2025

鹽與光

聖座各部會首長於3月9日四旬期第一主日下午5點開始了在保祿六世大廳進行的避靜,直到14日結束。教宗府講道神師帕索里尼神父帶領避靜,其主題是“永生的希望”。在第一天的默想中,帕索里尼神父指出:“我們常常被‘必須完美’的觀念所困擾,然而福音教導我們,真正的‘不完美’並非脆弱,而是缺乏愛。”

SUPPORT LABEL

Recevez nos infolettres
Recevez nos infolettres
2025 © Fondation Catholique Sel et Lumière Média
Numéro d’enregistrement d’œuvre de charité : 88523 6000 RR0001
EN | CH