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Magnifying Glass

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Contempler le visage de Jésus

P. Thomas Rosica

mardi 20 mars 2012

Cinquième dimanche de carême
Jérémie 31,31-34; Hébreux 5,7-9; Jean 12,20-33
Pour le Rituel de l’initiation chrétienne des adultes: Ézékiel 37,12-14; Romains 8,8-11; Jean 11,1-45 ou Jean 11,3-7.17.20-27.34-45
Le cinquième dimanche du Carême (Année B) nous invite à fixer notre regard sur Jésus, le prêtre modèle, souffrant, compatissant et solidaire de l’humanité. Considérons d’abord l’Évangile de Jean au chapitre 12 : l’apogée du ministère public de Jésus. C’est le dernier acte officiel avant les événements de sa passion, dimanche prochain. Il y a les gentils, les non-Juifs, qui cherchent Jésus pour la première fois. Ils ne viennent pas simplement pour lui jeter un regard, avoir une « audience générale » avec lui, mais plutôt pour le « voir ». Dans l’Évangile de Jean, « voir » Jésus, c’est croire en lui. D’où cette demande toute simple et pourtant stupéfiante: « Monsieur, nous voudrions voir Jésus » (Jean 12,21).
Dans toute l’Écriture, hommes et femmes désirent voir Dieu, contempler son apparence, sa beauté et sa gloire. Combien de fois dans les psaumes demandons-nous de voir la face de Dieu? « Que ton visage illumine ton serviteur » (Psaume 119,135). Non seulement nous supplions de voir le visage de Dieu, mais il nous est demandé de le faire. « Cherchez ma face », dit le Seigneur (Psaume 27,8). Nous ne pouvons pas faire semblant, il nous est demandé de chercher la face de Dieu. Puis, commencent les lamentations. « Ne me cache pas ta face » (Psaume 102,2). « Pourquoi caches-tu ton visage, Seigneur? » (13,2). Nous supplions, nous cherchons mais nous ne pouvons pas trouver le visage de Dieu. Ensuite nous sommes éperdus. Moïse, sur le ton d’un ami qui parle à un ami, demande à Dieu de voir son visage. Mais Dieu lui répond : « Tu ne peux pas voir mon visage; car personne ne pourra voir mon visage et vivre » (Exode 33,20).
Quand nous demandons dans les psaumes à voir le visage de Dieu, nous demandons de voir réellement Dieu comme il est vraiment, de contempler les profondeurs de Dieu. Au dernier chapitre du dernier livre de la Bible, il est écrit : « Ils verront sa face » (Apocalypse 22,4). Nous voyons le visage de Dieu révélé dans la personne de Jésus de Nazareth. Désirons- nous voir le visage de Dieu souvent? Où trouvons-nous sa face aujourd’hui? Que faisons-nous lorsque finalement nous voyons le visage de Jésus?
Le jardin des souffrances
L’auteur de la lettre aux Hébreux est rempli des idées et de la théologie de Paul et de Jean, mais il contemple aussi l’agonie de Jésus dans le jardin en lien avec les sacrifices offerts au Temple et avec la prêtrise selon les Écritures. L’Ancien Testament n’a jamais imaginé de demander au grand prêtre d’être comme ses frères et sœurs : on tenait au contraire à le séparer des autres. Une attitude de compassion envers les pécheurs semblait incompatible avec la prêtrise de l’Ancienne Alliance. Par ailleurs, aucun texte n’a jamais spécifié que le grand prêtre serait libre de tout péché.
L’épître aux Hébreux (5,7-9) nous présente un type différent de prêtrise, celle d’une compassion et d’une solidarité extraordinaire. Durant sa vie terrestre, Jésus a partagé notre chair et notre sang, pleurant dans sa prière et versant des larmes silencieuses. Il a vécu toutes nos difficultés. Éprouvé, il connaît notre condition de l’intérieur et de l’extérieur. Ainsi a-t-il acquis une profonde capacité de compassion. C’est la seule sorte de prêtrise qui fasse une différence, la seule qui compte, aujourd’hui comme hier.
Que nous enseigne aujourd’hui cette image de Jésus? Loin de créer un abîme entre le Christ et nous, nos propres épreuves quotidiennes, nos faiblesses deviennent le lieu privilégié de notre rencontre avec lui, et non seulement avec lui, mais avec Dieu lui-même. Il s’ensuit que désormais aucun de nous ne peut se trouver courbé par la souffrance sans trouver le Christ, par le fait même, à ses côtés. Jésus fut « écouté à cause de son autorité » et de « sa pieuse soumission ». Et nous avons la consolation d’apprendre que nous aussi, nous pourrons être écoutés à cause de notre persévérance dans la prière, de notre respect devant Dieu et de notre pieuse soumission à sa volonté sur nous.
Voir Jésus dans la souffrance : la mort du pape Jean-Paul II
Nous lisons aujourd’hui dans ce passage de l’Évangile que les Grecs s’adressent en premier à Philippe, qui est du village de Bethsaïde au bord de la mer de Galilée. « Philippe alla le dire à André, puis ensemble ils le dirent à Jésus » (Jean 12,22). Pour voir Jésus, il faut être conduit à lui par un apôtre. Le témoignage de ceux qui ont vécu avec lui, à ses cotés, nous le montre et nous ne pouvons rien faire sans ce témoignage.
Nous avons besoin des écrits apostoliques, spécialement des Évangiles, transmis par la tradition, de laquelle nos parents, les prêtres, les diacres, les enseignants, les catéchètes, les prédicateurs et les autres croyants sont les témoins. Comme il est important de savoir reconnaître ces personnes- clés dans notre vie : ce sont des témoins vivants qui nous rattachent à la tradition et à la Bonne Nouvelle de Jésus! Pour des millions de gens dans le monde, un de ces témoins fut Karol Wojtyla, l’homme que nous connaissons sous le nom de bienheureux pape Jean-Paul II.
Le monde a assisté publiquement à l’agonie et à la passion de ce successeur de Pierre. Alors que nous commémorons l’anniversaire de la mort du bienheureux Jean-Paul II le 2 avril, je ne peux m’empêcher d’évoquer ces jours si émouvants et de songer comment il nous a révélé le visage de Dieu et l’image de Jésus crucifié.
L’une des plus puissantes leçons qu’il nous ait enseignées au crépuscule de son pontificat fut que chacun doit souffrir, même le Vicaire du Christ. Plutôt que de cacher ses infirmités, comme le font la plupart des gens, il a laissé le monde entier voir ce qui lui arrivait. Au dernier moment de sa vie, l’athlète était immobilisé, la voix puissante si caractéristique, réduite au silence et la main qui avait produit tant d’encycliques, incapable d’écrire. Mais rien ne fit reculer le bienheureux Jean-Paul II, ni la maladie dégradante cachée derrière un masque de Parkinson ni, à la fin, son incapacité de parler et de se déplacer. Nombreux sont ceux qui estiment qu’il lança son message le plus fort quand les mots et les gestes lui manquèrent.
Un moment inoubliable, silencieux et riche d’enseignement, pendant ses dernières heures, marqua la nuit du Vendredi saint 2005, alors que le pape, assis dans sa chapelle privée au Vatican, suivait à la télévision le Chemin de croix célébré au Colisée de Rome. À la station commémorant la mort du Seigneur, une caméra montra le Pape pressant de ses mains une croix contre sa joue. Son acceptation de la souffrance et de la mort n’avait pas besoin de mots. L’image parlait d’elle-même.
Quelques heures avant sa mort, les derniers mots audibles du pape Jean-Paul II furent : « Laissez-moi aller à la maison du Père ». Dans l’intimité de la prière, alors que la messe était célébrée au pied de son lit et qu’une foule fervente chantait place Saint-Pierre, il est mort à 21 h 37, le 2 avril. Par sa passion, sa souffrance et sa mort publiques, ce saint prêtre, successeur des Apôtres et Serviteur de Dieu, nous a montré le visage de Jésus d’une manière remarquable.
 
Pour commander votre exemplaire de « Paroles faites chair, volume 2, année B », qui contient toutes les réflexions pour l’année B, visitez le site web du Service des éditions de la Conférence des évêques catholiques du Canada.


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