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Un jour pour se souvenir, rendre grâce, guérir et être relevé

P. Thomas Rosica

jeudi 7 octobre 2010

Réflexion biblique pour le 28e dimanche du temps ordinaire C
Les lectures de ce dimanche portent sur le souvenir et l’action de grâce, la guérison et le salut. Dans la lecture de l’Ancien Testament (II Rois 5, 14-17), Naaman le Syrien se souvient de remercier Élisée pour sa guérison et l’un des dix lépreux guéris par Jésus se souvient de revenir remercier son guérisseur. Dans la lecture de la seconde lettre de Paul à Timothée (2 Tm 1, 8 -13), Paul demande à Timothée (et à nous) de faire mémoire de Jésus-Christ ressuscité des morts. Nous rappeler la mort et la résurrection de Jésus nous emplit de reconnaissance, nous guérit et nous donne de la force pour affronter l’adversité, les difficultés et la souffrance, faisant ainsi de nous un peuple de gratitude.
La double purification de Naaman
Examinons d’abord la lecture de l’Ancien Testament. L’imposant personnage qu’est Naaman se fait dire par le prophète Élisée qu’il devrait se baigner sept fois dans le fleuve Jourdain afin d’être guéri de sa lèpre. Indigné, Naaman lui répond : « Est-ce que les fleuves de Damas, l’Abana et le Parpar, ne valent pas mieux que toutes les eaux d'Israël? Si je m'y baignais, est-ce que je ne serais pas purifié? » (II Rois 5, 12) Naaman avait raison : les fleuves de Syrie étaient incontestablement meilleurs, ils transportaient plus d’eau. Cependant, ils n’équivalaient aucunement les eaux de source de montagne de Damas; ainsi rituellement, c’était l’inverse.
Naaman était déçu : il s’attendait à ce qu’Élisée, cet « homme de Dieu », réalise un signe beaucoup plus théâtral. Naaman a même douté du signe qu’il avait reçu du prophète. C’est avec grande réticence qu’il cède finalement aux supplications de ses serviteurs de faire ce que le prophète lui a dit. En se lavant dans le Jourdain, il fut guéri et sa chair devint semblable à celle d’un petit enfant. Les eaux boueuses ont purifié Naaman de sa lèpre – mais plus encore de son arrogance.
La charge de terre pour deux mulets que demande Naaman lui permettra d’emporter avec lui un peu de la terre d’Israël dans sa Syrie natale où il érigera à Aram un autel au Dieu d'Israël. Naaman a vu la puissance du Dieu d'Israël et il n’en adorera plus aucun autre. C’est la dernière et la plus importante leçon qu’il apprend. Étranger, Naaman ne fait pas partie du peuple élu. Il était difficile pour les Israélites d’accepter la notion que la miséricorde de Dieu devait s’étendre à toutes les nations.
Au long du trajet vers Jérusalem
Situons d’abord l’évangile d’aujourd’hui (Luc 17, 11-19) dans le récit narratif de Luc. Le passage d’aujourd’hui débute avec la phrase : « Jésus, marchant vers Jérusalem, (…) » C’est un rappel pour nous que Jésus avance vers sa Passion, et ceci s’élève au-dessus des mots et des événements de toute cette section de l’évangile de Luc (Lc 17, 11-18. 30). La majorité du matériel dans cette section est unique à Luc. Au verset 11, Luc peut presque voir Jérusalem au loin et il l’indique au lecteur. Cette section se termine en chapitre 18, verset 30 car on lit au en 18, 31 – « Voici que nous montons à Jérusalem » – Jésus ne veut pas laisser le sens de ce voyage à la seule mémoire de ses disciples. Plutôt, il prophétise pour la troisième et dernière fois sa Passion dans la ville sainte.
Un lépreux reconnaissant
Jean-Marie Melchior Doze - Jésus guérit le lépreuxL’événement présenté aujourd’hui, celui du lépreux samaritain purifié et reconnaissant, n’est narré que dans l’évangile de Luc et nous présente une situation où Jésus donne un non Juif (Luc 17, 18) en exemple à ses contemporains juifs. Une intention similaire est atteinte dans l’histoire du Bon Samaritain (cf. Luc 10, 33). En outre, c’est par sa foi en Jésus que l’étranger reçoit le salut (Luc 17, 19).
Dans l’évangile de Luc, la géographie joue un rôle prépondérant qui peut être littéraire, théologique ou physique. Dans l’histoire d’aujourd’hui, la frontière entre la Galilée et la Samarie est un emplacement judicieusement choisi pour une histoire avec Jésus et un Samaritain (Luc 17, 16). Les lépreux se tenaient à distance des non lépreux (Luc 17, 12; Lévitique 13, 45-46; Nombres 5, 2); ils formaient leurs propres colonies (II Rois 7, 3); ils s’installaient près d’intersections achalandées et de grandes routes pour demander l’aumône. Se montrer à un prêtre après une guérison concordait avec la Loi (Lévitique 14, 2-32).
Comprendre une histoire complexe
L’évangile d’aujourd’hui soulève néanmoins quelques questions d’intérêt. Le Samaritain, qui vivait hors des exigences du judaïsme, était-il également visé par l’ordre d’aller se présenter devant un prêtre? Pourquoi Jésus reproche-t-il aux neuf autres de n’être pas revenus vers lui (Luc 17, 17-18) alors qu’il leur avait dit d’aller se montrer à un prêtre pour que soit confirmée leur guérison et que leur statut d’impurs soit levé? Les paroles de Jésus au Samaritain qui revient vers lui – « Ta foi t’a sauvé » – nous semble plutôt bizarre puisque tous ont été guéris!
Il faut comprendre l’évangile de ce jour comme comportant deux parties distinctes : les versets 11 à 14 et les versets 15 à 19. La première partie est une histoire de guérison avec les éléments habituels : un cri à l’aide, la réponse de Jésus, une guérison comme un acte d’obéissance similaire à celui présenté dans Luc 5, 12-16. La seconde partie de l’histoire est le salut d’un étranger. C’est lui, l’étranger, qui revient, qui loue Dieu et qui exprime de la reconnaissance envers Jésus. Lorsque Jésus dit : « Lève-toi et va : ta foi t'a sauvé », il parle d’une bénédiction qui assurément fait référence à un quelconque bénéfice différent de celui que tous, incluant les neuf autres, ont reçu précédemment.
Le salut par la foi
L’évangile de ce dimanche concerne un étranger sur qui pèsent deux “chefs d’accusation”: il a reçu le salut par la foi. Cet homme était un Samaritain, un paria et un hérétique souffrant de la lèpre. En présence de Jésus, seul l’étranger reçoit la pleine bénédiction du ministère de Jésus. Une fois encore, cette histoire met de l’avant de façon très évidente la prédilection de Luc pour les étrangers, les proscrits, les malades et les pécheurs.
Cette histoire anticipe la grande histoire des Actes des Apôtres : un aveuglement croissant au sein d’Israël et une réceptivité parmi les Gentils. Le plan de Dieu pour le salut du monde n’exclut personne. La guérison des dix lépreux s’appuie sur ce thème d’universalité en suggérant que l’étranger fut le seul à retourner vers Jésus et rendre grâces à Dieu pour la guérison reçue. Le sous-entendu est clair et Jésus récidive à d’autres moments : si ceux à qui les paroles du salut ont été adressées en premier ne les ont pas acceptées, ce sera tout de même annoncer au monde entier. C’est une amère ironie pour nous tous que Jésus ait été rejeté par les leaders de son propre peuple!
Dieu, dans sa générosité, donne sans compter et sa miséricorde pleut sur nous tous, les ingrats comme les reconnaissants. Neuf des dix lépreux guéris ne sont pas revenus pour louer Dieu pour leur guérison. Malgré cela, ils sont guéris et la largeur de la miséricorde de Dieu est exaltée... même dans leur ingratitude et la nôtre. L’histoire de Naaman et celle de la parabole des dix lépreux nous enseigne de puissantes leçons à propos du souvenir, de la gratitude, de la guérison et du salut.
Des signes de reconnaissance
La gratitude, c’est tellement plus que de dire « Merci » parce que c’est ce qu’on attend de nous. C’est une façon de vivre l’expérience du monde, de percevoir et d’être étonné. Être rempli de gratitude, c’est avoir les yeux ouverts et avoir courte distance entre les yeux et le cœur. À quels signes identifie-t-on les personnes reconnaissantes? Il y a toujours des larmes à essuyer dans les yeux de ceux qui sont reconnaissants. Avoir le courage de remercier, la capacité de voir les talents et les expériences de ce monde comme un don, cela change non seulement la personne qui décèle cette idée, mais aussi l’environnement, le monde et ceux qui entourent cette personne. Un cœur reconnaissant est le sceau d’un authentique chrétien. Ceux qui possèdent la vertu de la gratitude sont réellement riches. Non seulement ils savent avec quelle abondance ils ont été bénis, mais ils se souviennent continuellement que toutes bonnes choses viennent de Dieu.
Manifester sa gratitude à autrui, dire merci aux autres, voilà la marque de la noblesse. Si les gens qui nous côtoient se trouvent découragés, abattus, démotivés et manquent d’inspiration, cela a peut-être quelque chose à voir avec le fait que nous ne leur avons jamais exprimé ni remerciements ni gratitude pour qui ils sont et ce qu’ils font? Les gens unis par la gratitude découvrent et éveillent toujours des sources abondantes de force. Plus une personne est reconnaissante, plus elle est riche intérieurement. Les personnes reconnaissantes emmagasinent dans leur mémoire reconnaissante toutes les bonnes expériences du passé, tout comme le proverbe français de dit : « la reconnaissance est la mémoire du cœur. »
Frère André Bessette de Montréal
Dimanche prochain, le 17 octobre, l’Église célébrera la canonisation du bienheureux André Bessette, natif du Canada, connu et aimé sous le nom de « frère André de Montréal ». Il est connu et aimé de millions de personnes en Amérique du Nord et dans le monde, en particulier pour sa dévotion à saint Joseph. J’ai écrit à propos de lui à quelques reprises dans les derniers mois menant à sa canonisation.
Les passages bibliques d’aujourd’hui m’ont fait penser au frère André à plusieurs reprises. Toute sa vie, la souffrance l’a affligé, pourtant il apportait la guérison à tant de gens par la force de sa foi, de sa piété toute simple et de son dévouement. C’est dans l’ordre des choses que le miracle menant à sa canonisation s’est produit en 1999 lorsqu’un jeune garçon de neuf ans a été victime d’un accident d’automobile, le laissant avec un traumatisme crânien sévère et dans un coma irréversible le menant vers la mort. Les prières de ses proches, de même que l’intercession du frère André, l’ont ramené à la conscience et à la santé, et ceci a été jugé scientifiquement inexplicable par des experts médicaux.
Pourquoi André a-t-il été choisi?
Dans une belle lettre circulaire à la famille des Sainte-Croix plus tôt cette année, l’ancien supérieur général des Sainte-Croix, le père Hugh Cleary, a écrit :
… peut-être qu’André a été choisi, comme Marie et Joseph, parce que, dans le regard de ce monde, il n’était personne. Il ne possédait rien; rien ne le possédait. Dépourvu de dons et de talents discernables et de possessions, il était mûr pour l’œuvre de Dieu. Dans sa pauvreté, il n’avait d’autre choix que de prier. Ses propres tentatives étaient de lamentables échecs. Dans le vide sanctifiant de son existence, il n’avait d’autres choix que de prier Dieu de lui donner ce qu’il désirait plus que tout au monde. Dieu a répondu à sa prière. Dieu l’a possédé en lui donnant ce qui lui était le plus cher, comblant le désir le plus profond de son cœur.
Les voies de Dieu ne sont pas nos voies
Les travailleurs du miracle comme le frère André sont rares et rarement rencontrés dans le cours naturel des choses. Cependant, lorsqu’ils apparaissent, ils nous indiquent la voie au-delà de l’univers connu de la chasse au pouvoir, au plaisir, à la richesse, la voie vers la réponse au désir le plus profond de notre cœur. Les travailleurs du miracle nous indiquent la voie vers l’univers transcendant du réel, le parcours « normal » de la grâce de Dieu qui, depuis toujours, nous attire à lui doucement, subtilement, par des voies parfois difficilement perceptibles, pour vivre l’Amour qui est en fait notre désir le plus profond. Nous ne pouvons pas posséder cet Amour par nos propres efforts, nos propres machinations. Cet Amour est un don, donné gratuitement, un présent qui transcende notre frêle nature humaine. Cet Amour nous élève au-delà de notre être habituel jusqu’à notre gloire céleste en tant qu’enfants de Dieu.
Immergé dans les eaux de la Parole de Dieu
Le bienheureux André Bessette, bientôt saint André de Montréal, est l’exemple éclatant d’une personne qui s’est immergée jour après jours dans les « eaux d’Israël » : les Écritures divinement inspirées. Il a laissé Dieu travaillé son être pauvre, humble et faible pour guérir la douleur physique et les maladies de même que la lèpre du péché de son temps. En se souvenant et en se montrant reconnaissant pour la main de Dieu à l’oeuvre à travers lui et à travers l’intercession de saint Joseph, le frère André a apporté la guérison et le salut aux multitudes.
Les lectures de ce dimanche sont 2 Rois 5, 14-17; Timothée 2, 8-13; Luc 17, 11-19.


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