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Pour une communication de qualité

P. Thomas Rosica

lundi 3 septembre 2018

Vingt-troisième dimanche du Temps ordinaire, Année B - 9 septembre 2018
Dans ce magnifique poème biblique du livre d’Isaïe 35,4-7 (la première lecture d’aujourd’hui), le prophète annonce que la captivité babylonienne tire à sa fin. L’exode du peuple de Dieu, esclave en Égypte, est devenu un modèle qui invite à réfléchir sur le salut et un symbole de cet important pèlerinage de la famille humaine vers Dieu. Le prophète Isaïe a fait la rencontre d’une communauté d’exilés à la mine abattue. Il réagit en leur rappelant des souvenirs joyeux de l’Exode hors d’Égypte.
Pourtant, un deuxième Exode se profile, symbolisé par la guérison accordée aux aveugles, aux boiteux et aux muets ainsi qu’une vie nouvelle pour les morts. Après avoir été libéré par Dieu, le peuple entier devra retourner,  par le désert, sur sa propre terre, lors d’un nouvel Exode. Selon la prophétie d’Isaïe qu’il n’y aura alors qu’une seule voie pure comme chemin vers la sainteté sur lequel le racheté devra marcher.
Dans le désert, l’eau jaillira. Le pouvoir rédempteur de Dieu rejoint les personnes affaiblies afin de guérir tous les maux qui frappent l’humanité. Ainsi, Isaïe souligne les afflictions guéries par Dieu : « Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors, le boiteux bondira, et la bouche du muet criera de joie.»
Isaïe prédit cette vie nouvelle en abondance que Matthieu propose dans sa conception de la guérison «d’un sourd-muet» (Marc 7, 31-37). Dans l’Évangile de Marc, ce récit de la guérison du sourd-muet nous incite à prendre en considération certains points importants qui, dans le Nouveau Testament, portent sur la maladie et la souffrance. Les malades dans la Bible sont ceux qui se sont éloignés du droit chemin ou qui se sont simplement écartés de l’état d’intégrité et de plénitude humaine. Jésus les guérit en les rétablissant, ainsi les lépreux sont purifiés, les aveugles peuvent voir, les muets parlent, etc.
Nous possédons peu d’information sur la façon dont Jésus accomplissait ses guérisons. Jésus n’a certainement pas fait de miracles d’un coup de baguette magique ou par pichenette. L’homme guérit par Jésus était sourd et muet, de ce fait il lui était impossible de communiquer avec les autres, d’entendre sa propre voix ou encore, d’exprimer ses sentiments et de faire valoir ses besoins. Au moment de la guérison du sourd, Jésus pousse un soupir en lui touchant les oreilles. Ce qui nous indique qu’il s’unissait à la souffrance des gens et qu’il s’associait profondément à leurs malheurs afin qu’ils deviennent son propre fardeau.
« Ephata ! Ouvre-toi ! »
L’Église des premier temps admirait tellement la guérison miraculeuse du sourd qu’elle lui accorda une place importante en incorporant ces gestes du Seigneur au rite du baptême des nouveaux chrétiens. Même aujourd’hui, lors du baptême, le pasteur met ses doigts sur nos oreilles, touche le bout de notre langue et répète les paroles prononcées par Jésus : « Ephata !», c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! » Il permit aux sourds d’entendre et aux muets de parler.
On apprend par l’écoute
La vue se rapporte aux choses alors que l’écoute a trait aux êtres humains. La vue est liée aux sciences, aux observations et à l’objectivité. L’écoute se rapporte aux relations personnelles et à la subjectivité. Lorsque je fais usage de mes yeux pour voir des personnes ou des choses, je suis en contrôle de l’information qui se porte vers moi puisque je peux fermer les yeux si je le désire. Lorsque je lis moi-même les paroles des Écritures saintes, je peux simplement me fermer les yeux et m’arrêter de lire. Toutefois, l’oreille est différente de l’œil. Il m’est impossible de me fermer les oreilles. Alors, la seule façon de ne plus entendre est bel et bien de sortir de la pièce.
Nous découvrons les autres par l’écoute des choses qu’ils ont à dire. La langue nous révèle ce qu’il a de plus profond chez la personne, ce que la vue n’arrive pas à faire. Si nous voulons apprendre à connaître Dieu, nous devons écouter la Parole de Dieu avec l’attention portée par tout notre cœur, toute notre âme et tout notre esprit. Même, le fixer des yeux, si c’était possible, ne nous inculquerait rien de plus. Après tout, Satan s’est déguisé en ange de lumière alors que Dieu nous est apparu sous le corps brisé et mutilé d’un jeune homme qui est mort sur la croix. Qui l’aurait cru sans le regard et l’écoute que nous procure la foi ?
Lorsque nous lisons la Bible, est-ce que nous n’entendons que nos propres conclusions ? La Bible ne nous appelle pas à lire la Parole de Dieu, mais tout simplement à l’entendre et à l’écouter. Ce que transmet cette importante prière juive : « Shema Israël ! Écoute Israël !» Quelqu’un d’autre doit sûrement avoir lu la Parole pour que je puisse l’entendre et réellement la comprendre. La foi biblique ne peut aucunement être individualiste, mais doit être communautaire. Ainsi, parler et écouter exigent une soumission mutuelle. La soumission et le respect mutuel sont les fondements d’une communauté et la seule façon d’échapper l’écoute est de sortir de la pièce, de sortir de la communauté et de partir seul. Malheureusement, c’est le cas de plusieurs qui laissent la communauté de l’Église et prétendent ainsi avoir trouvé la liberté, l’autonomie et la vérité dans la solitude, loin de la communauté de foi. Ce qu’ils ont découvert n’est pas la solitude, mais plutôt l’isolement et l’individualisme acharné et égoïste. Écouter réellement suppose la soumission à l’autorité et l’adhésion à la communauté.
La surdité physique et spirituelle
Ces récits de guérison sont le reflet du lien fort et intime de Jésus à Dieu de même que sa grande compassion. Il guérit par des moyens physiques, par la parole et par le toucher. La surdité physique et la surdité spirituelle sont similaires, Jésus a fait face à la première avec l’homme qui avait une surdité congénitale et à la deuxième avec les pharisiens et les autres non réceptifs à son message. Jésus se préoccupait non seulement des infirmités physiques, mais également des handicaps spirituels et de la surdité morale.
Notre société contemporaine a développé une surdité à la parole de Jésus pourtant ce n’est pas une surdité physique, mais une surdité causée par le péché. Nous sommes devenus si accoutumés au péché que cela nous parait normal et ainsi, nous sommes devenus sourds et aveugles à Jésus et ses appels quotidiens.
Étant donné que la surdité consiste essentiellement en une incapacité de tout simplement communiquer avec son voisin ou d’avoir une bonne relation, nous devons admettre que chacun de nous est sourd ou muet dans une certaine mesure. Ce qui détermine la qualité de notre communication, de notre écoute et de notre faculté à parler n’est pas de parler ou encore de ne pas parler et de ne pas entendre, mais c’est le faire ou pas, par amour.
Nous sommes sourds et aveugles lorsque nous faisons preuve de favoritisme ou de discrimination en raison du statut ou de la richesse des autres (voir Jacques 2,1-5). Nous oublions que la faveur divine repose sur le choix et les promesses de Dieu (Jacques 2,5).
Nous sommes sourds lorsque nous n’entendons pas les appels à l’aide auxquels nous devons faire face et nous préférons semer l’indifférence entre nous et nos voisins. Se faisant, nous faisons affront aux pauvres et nous blasphémons le nom du Christ (Jacques 2, 6-7).
Les parents sont sourds lorsqu’ils n’arrivent pas à comprendre les comportements dysfonctionnels de leurs enfants qui sont signes de cris d’attentions et d’amour.
Nous sommes sourds lorsque nous nous recoquillons sur nous-mêmes de façon à nous fermer au monde extérieur par égoïsme, fierté, rancune, colère, jalousie et par notre incapacité de pardonner les autres.
Nous sommes sourds lorsque nous refusons de reconnaître les personnes souffrantes dans le monde qui nous entoure et nous ignorons les situations évidentes d’inégalités, d’injustice, de pauvreté et de ravages de la guerre.
Nous sommes sourds lorsque nous refusons d’entendre les cris des enfants à naître, de ceux qui sont vulnérables en raison de la vieillesse, de l’handicap et de ceux qui sont gravement malades alors que d’autres souhaitent mettre fin à leur vie en prétextant la miséricorde.
La surdité de Beethoven
Ludwig Van Beethoven (1770-1827), compositeur allemand et pianiste-virtuose, était l’un des compositeurs les plus appréciés de tous les temps. Mais ce que j’ignorais jusqu’à récemment c’est qu’à 28 ans, Beethoven a commencé à perdre l’ouïe. La surdité de Beethoven lui a ouvert la porte à tout ce qui existe au-delà de ce qui peut être vu ou entendu. À partir d’un très jeune âge, Beethoven fut conscient de l’unité entre la musique et Dieu. Il en était également conscient en composant sa musique. «Mon cœur et mon esprit étaient enclins, depuis l’enfance, au doux sentiment de la bonté. J’ai toujours été disposé, même à accomplir de grandes actions.» Dans plusieurs de ses lettres, Beethoven exprime son désir de servir Dieu et l’humanité en partageant sa musique. « Dieu tout-puissant, vous qui pouvez voir dans mon cœur… et vous savez qu’il est rempli d’amour envers l’humanité et du désir de faire ce qui est bien. »
La vie de Beethoven est un paradoxe. D’un côté, sa vie a été assombrie par sa surdité et d’un autre côté, son intuition spirituelle transparait dans sa musique.
Aujourd’hui, que la parole prononcée par Jésus au sourd puisse encore une fois s’adresser à nous tous : Ephata ! Ouvre-toi ! Que nos oreilles, nos yeux et nos cœurs soient ouverts à l’Évangile !
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