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Magnifying Glass

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Voir l’histoire dans un contexte plus large: celui de Dieu

P. Thomas Rosica

Monday, November 7, 2016

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Trente-troisième dimanche du Temps ordinaire, Année C - 13 novembre 2016
Malachie 3,19-20a
2 Thessaloniciens 3,7-12
Luc 21,5-19
Alors que nous arrivons à la fin de l’année liturgique, les lectures de ce dimanche sont remplies d’images apocalyptiques qui ont de quoi nous terrifier de part leur intensité, leur honnêteté, leur réalisme et leur aspect pratique. Les écrits apocalyptiques ont été populaires dans les cercles chrétiens pendant plus d’un millénaire. La plupart des crises majeures dans l’histoire ont engendré une pensée apocalyptique.
Toutes n’utilisent pas le mot ‘apocalypse’, mais toutes s’apparentent à un genre littéraire particulier. Saint Paul affirmait avoir reçu l’évangile non pas de source humaine mais « par révélation » (Ga 1,12) et qu’il s’est rendu à Jérusalem rencontrer d’autres chrétiens à cause d’une révélation (Ga 2,2). Comme genre littéraire, le style apocalyptique traite de la révélation, ou une série de révélations, souvent par l’entremise d’un ange, qui révèle le monde surnaturel qui se trouve au-delà des événements historiques. On met l’emphase sur l’eschatologie, la fin du monde comme nous le connaissons et le début d’un monde nouveau. Habituellement, cette transition est décrite en termes de transformations de nature et d’envergure cosmiques, avec des jugements de personnes et d’institutions ratées et la justification des saints de Dieu.
Bien que certaines apocalypses présentent des ascensions vers un autres monde, l’Apocalypse de Jean et le discours apocalyptique de Jésus dans Luc 21 (Marc 13 et Matthieu 24,1-38) joignent des événements historiques avec des description de ce qui se passe derrière et au-delà de l’histoire. Ici, la réalité nous dépasse, l’histoire s’inscrit dans le contexte du plan de Dieu. C’est un récit magnifique qui entremêle descriptions historiques, signes et symboles de même que des figures mystérieuses au cœur du discours. Aussi étranges que ces écrits puissent nous paraître, ils sont un témoignage dramatique de la ténacité de la foi et de l’espérance du peuple de Dieu.
Le contexte de l’évangile de ce dimanche
La destruction de Jérusalem constitue l’événement historique qui a incité le discours apocalyptique dans le passage de ce dimanche (Luc 21,5-19). Marc par exemple, décrit la désacralisation du temple de Jérusalem par les Romains (Marc 13,14) comme symbole apocalyptique (voir Daniel 9,27 ; 12,11) qui accompagne la fin de cette ère et la venue du Fils de l’Homme. Toutefois, Luc (21,20-24) enlève le cadre apocalyptique et sépare la destruction historique du temple de Jérusalem des signes de la venue du Fils de l’homme par une période qu’il qualifie de « temps des païens » (Luc 21,24).
Le discours eschatologique de Jésus dans Luc (5,36) est inspiré de Marc 13 mais Luc a fait des altérations importantes aux paroles de Jésus qu’on y trouve. Luc maintient la croyance que la fin des temps arriverait sous peu. Cependant, l’évangile met l’emphase sur l’importance de suivre Jésus au jour le jour et réinterprète certains signes de la fin des temps de Marc 13. Ainsi, Luc accepte ce qui semblait être un délai de la parousie aux yeux des premières communautés chrétiennes, la deuxième venue du Christ à la fin des temps.
Les signes de la fin en trois temps de Luc
En abordant la persécution des disciples (21,12-19) et la destruction de Jérusalem (20-24), Luc nous montre les signes eschatologiques qui ont déjà été réalisés. Dans le texte de Luc, Jésus parle à l’intérieur du temple et non à distance du temple sur le Mont des Oliviers. L’auditoire pour le discours de Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui est « tout le peuple » et non les disciples en privé (Mt 24,3) ou les quatre d’origine (Marc 13,3). Dans l’évangile que nous venons de lire, il y a trois types de signes eschatologiques : l’apparence de faux messies et de faux interprètes de l’avenir et de la fin des temps (v. 8); les guerres, le tumulte et les conflits internationaux (9-10); et les désastres naturels et autres terreurs cosmiques (11). La conclusion du plan de Dieu affectera non seulement Israël mais toutes les nations, et non seulement toutes les nations mais la totalité du cosmos. Aucun endroit de la Création aussi retiré soit-il ne sera pas atteint par le plan de Dieu lorsqu’il sera achevé.
Un temps pour rendre témoignage
Les disciples ne doivent pas se préoccuper par ces événements mais plutôt ceux qui clament connaître les mystères de Dieu de même que l’endroit et l’heure de la fin des temps. Il faut garder en tête qu’avant la fin des temps il y aura un temps pour rendre témoignage (12-19). Ceux qui clament le temps (kairos = le moment opportun) est proche (8) ne comprennent pas que le calcul du temps (chronos = le temps du calendrier) ne nous permet pas de connaître l’accomplissement du temps de Dieu (kairos). Le temps présent est un temps pour rendre témoignage. C’est maintenant qu’il faut être des témoins fidèles aux yeux du monde.
À cause de leur témoignage, les disciples seront conduits devant les synagogues, les gouverneurs et les rois (ces deux réalités ont été accomplies dans les Actes des Apôtres). La haine, la trahison par des parents et amis, et la mort, voilà ce qui les attend. Il n’y a rien ici de l’arrogance de la folie que nous voyons et entendons souvent dans les annonces apocalyptiques modernes, une arrogance née d’une doctrine selon laquelle le croyant est élevé au-dessus des persécutions et des difficultés. Les disciples ne sont pas exemptés de la souffrance. Au cœur des crises et des tempêtes, les disciples de Jésus recevront par moment « un langage et une sagesse » (15) afin de porter le message de manière appropriée. Gardez en tête ici que dans Luc, l’un des rôles les plus importants de l’Esprit Saint est d’inspirer la parole.
Plus qu’une admiration architecturale
La scène de l’évangile de ce dimanche apparaît à un moment tardif du ministère de Jésus. Les disciples se tenaient avec lui sur le lieu le plus sacré de Jérusalem et fixaient le majestueux temple de Jérusalem, le cœur de la culture et de la religion juive, le chef-d’œuvre d’Hérode pour apaiser les Juifs. Il s’agissait clairement d’un lieu pour éveiller l’âme ! Malgré cela, ce groupe qui s’était retrouvé au Dôme du Rocher devint soudainement sérieux. Ce qui avait commencé comme une admiration devant la beauté architecturale est devenu une vision prophétique de ce qu’il en coûterait d’être disciples en Son Nom. Viendraient la persécution et la trahison par ses amis et ses parents. Le Messie et prophète tant attendu était maintenant là et avait pris place dans un temple reconstruit pour la troisième fois. Sa présence même était la visitation de Dieu.
Jésus a parlé des catastrophes à venir, dont la persécution, la saisie, la délivrance et la trahison des disciples. Il a aussi parlé de ceux et celles qui viendraient en son nom pour offrir des solutions éphémères aux grands dilemmes de son époque et de la nôtre. Jésus n’est certainement pas étranger aux forces horribles qui demeurent à l’œuvre de nos jours. Leur terreur, qu’elle soit cosmique ou personnelle, est maîtrisée par l’assurance qu’il connaît les siens, même chacun des cheveux sur leurs têtes. Il s’est rendu à la croix pour que cette assurance soit digne de foi. Ce n’est pas une persévérance stoïque qui nous permettra de « gagner des âmes », mais bien la confiance en sa promesse que la grâce suffira, une grâce qui œuvre en tout pour le salut des âmes.
Rejeter le règne divin que Jésus a apporté signifierait faire tomber le jugement de Dieu. Tout supporter sous son règne consiste à « gagner son âme. » L’âme est cette capacité intérieure où l’humain et le divin se marient au cours d’un long processus de maturation qui dure toute une vie, et qui nous permet de ne pas flancher au moment de dures épreuves.
S’associer au nom de Jésus
Il y a peut-être de bonnes raisons qui expliquent pourquoi la littérature apocalyptique nous choque. Peut-être devons-nous être tirés de nos croyances et de notre foi complaisantes, nos manières de vivre et d’agir, et réaliser qu’il y a peu de temps, que le Seigneur vient véritablement comme un voleur dans la nuit, que nous devons changer notre manière d’être dès maintenant et non demain. Le thème des paroles de Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui est que son Nom, qui est l’équivalant de sa mission et de sa personne, causera bien des dérangements.
Et pourtant, nous manquons souvent de courage, évitant toute forme de conflit. Nous cachons notre identité catholique de peur d’offenser les autres ou d’êtres étiquetés de chrétiens ou de catholiques. Quand avons-nous cessé de réaliser que peut-être vaut-il la peine de se battre pour certaines choses dans ce monde, même d’en mourir ? Avons-nous oublié que ceux qui sont associés avec « le Nom » seront persécutés ?
Une leçon de la part des Thessaloniciens
La deuxième lecture tirée de la deuxième lettre de Paul aux Thessaloniciens nous offre aussi un message important (2 Th 3,7-12). Saint Paul s’adresse aux Thessaloniciens à propos d’un problème spécifique dans cette communauté qui a dépassé les spéculations eschatologiques intenses. Certains ne travaillent pas et ne font tout simplement rien (6-15). Ces membres de la communauté, peut-être à cause de la parousie qu’ils attendaient à tout moment ou peut-être parce qu’ils se croyaient déjà à ce temps nouveau, temps de Dieu, ont cessé de travailler pour gagner leur pain. Ils se sont laissés envahir par la peur et la paralysie face à l’avenir, et cherchaient à être délivrés des souffrances et des luttes présentes. Ils ont littéralement laissé tomber et se sont servis de la parousie comme prétexte pour cesser de transformer la société où ils vivaient par leur témoignage fidèle et courageux. Au lieu de cela, ils se sont occupés de préoccupations inutiles !
Alors que nous approchons de la fin de l’année liturgique et que les Écritures nous confrontent à des choses ultimes, rappelons-nous que nous sommes appelés à rendre témoignage à travers le quotidien de nos vies. Au milieu de la souffrance, lorsqu’il ne semble y avoir aucun secours, aucun soulagement du désastre, la foi tourne sa face vers le ciel non seulement pour la révélation de la volonté de Dieu mais aussi pour une vision de la fin de la misère actuelle et le début des temps à venir. Cette pensée seule est une cause de consolation, de joie et d’espérance au cœur des tempêtes de notre temps.
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