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Réflexion du père Thomas Rosica c.s.b. pour la Fête de sainte Thérèse Bénédicte de la Croix (Édith Stein)

P. Thomas Rosica

Monday, August 8, 2016

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Le 9 août, nous faisons mémoire d’une femme juive qui a aimé la croix jusqu’au bout, embrassant toutes ses contradictions et mystères tout au long de sa vie. Il y a une surprenante sculpture en bronze d’Édith Stein au centre de la ville de Cologne en Allemagne, tout près du séminaire diocésain. La sculpture représente trois Édith Stein, à trois moments critiques de sa vie. Le premier moment présente Édith alors qu’elle était jeune juive philosophe et professeur, étudiante d’Edmund Husserl. Édith est représentée en pleine réflexion et sur ses genoux se trouve une étoile de David.
La deuxième partie de la sculpture de la jeune femme dépeint Édith partagée en deux. L’artiste présente la face et sa tête presque divisée 01 Stein sculpture Koln sm copyreprésentant le moment de sa vie où elle quitta le judaïsme pour l’agnosticisme et même l’athéisme. On comprend ainsi que sa recherche de la vérité fut très douloureuse.
Troisièmement, Édith Stein est représentée alors qu’elle était devenue sœur Thérèse Bénédicte de la Croix. On retrouve donc une religieuse tenant dans ses bras un Christ crucifié : « Thérèse bénie par la croix » comme l’indique son nom. Le tout de la sculpture présente donc le cheminement d’Édith du judaïsme à l’athéisme puis au christianisme.
Dans sa biographie, ce moment fort de cette période critique de sa vie se passe à Breslau, alors qu’elle s’éloignait de plus en plus du judaïsme. Avant d’entrer au Carmel de Cologne, elle a dû faire face à sa mère pour qui la religion juive était très importante. Sa mère lui dit dans sa langue maternelle : « Édith, ne crois-tu pas que tu peux aussi être religieuse dans ta foi juive ?»
Édith répondit : « Bien sûr, si on n’a jamais rien connu d’autre ».
Sa mère lui répondit d’un ton désespéré : « Et toi, pourquoi l’as-tu rencontré ? Je ne veux rien dire contre lui, certainement il était un homme très bon, mais pourquoi s’est-il fait l’égal de Dieu ? » Sa dernière semaine à la maison et le moment ultime de la séparation furent très douloureux. Il fut très difficile de lui faire comprendre, ne serait-ce qu’un peu, les raisons de sa décision. Édith écrit cependant : « Et pourtant, je franchis le seuil de la maison du Seigneur dans une paix profonde ».
03 Edith Stein 3 copyComme Édith Stein, nous avons connu autre chose, nous avons rencontré Jésus et sa croix. Nous avons rencontré Quelqu’un d’autre : l’homme sur la croix. Nous n’avons d’autres choix que de nous rendre auprès de lui. Après qu’Édith eut fait son entrée au Carmel de  Cologne, elle continua d’écrire sa grande œuvre sur la croix : Kreuzwissenschaft (La science de la croix).
En 1938, la situation de l’Allemagne s’était détériorée d’une manière significative et l’attaque du 8 novembre (Kristallnacht) par les SS avait enlevé tous les doutes qui restaient à propos du traitement des citoyens juifs. La prieure des Carmélites décida d’envoyer Édith au couvent de Echt aux Pays-Bas. Dans la pénombre de la nuit du 31 décembre 1938, Édith Stein traversait en voiture la frontière hollandaise. Rendue au couvent de Echt, sœur Thérèse Bénédicte composa trois actes d’oblation d’elle-même, offrant sa vie pour le peuple juif, pour la paix ainsi que pour la sanctification de sa famille carmélite. Elle s’établit quelque peu dans une vie dédiée à l’enseignement du latin aux postulantes et à l’écriture d’un livre sur saint Jean-de-la-Croix. Rosa, la sœur d’Édith, devint également catholique après la mort de leur mère en 1936 et, dès 1940, rejoignit sa sœur au Carmel de Echt comme membre du tiers ordre carmélite.
Alors que la politique nazie d’extermination des juifs s’implantait rapidement dans une Hollande occupée, les juifs professant la foi chrétienne furent initialement laissés tranquilles. Toutefois, lorsque les évêques catholiques des Pays-Bas publièrent une lettre pastorale, dans laquelle ils protestaient fortement contre la déportation des juifs, les autorités nazies réagirent fortement et violemment en ordonnant l’extermination de tous les juifs baptisés.
Le dimanche 2 août 1942, tous les catholiques hollandais de race juive furent rassemblés et arrêtés; parmi eux se trouvaient les sœurs Édith et Rosa Stein. Alors que les voisins s’étaient réunis devant l’horreur aux portes du couvent, ils entendirent ces derniers mots d’Édith et de sa sœur Rosa au moment où les nazis venaient les prendre : « Viens, partons pour notre peuple ». En effet, alors qu’elles avaient eu l’opportunité d’être relâchées grâce à leurs liens avec l’Église catholique, les Stein refusèrent fidèlement en disant que le baptême ne devrait pas être utilisé comme un injuste avantage. Au contraire, elles désiraient participer au sort de leurs frères et sœurs juifs.04 Edith Stein sm window copy
La nuit du 3 au 4 août 1942, les prisonnières furent transportées de Amersfoort au camp (Lager) de Westerbork où les hommes étaient séparés des femmes, les maris de leur épouse, les mères de leurs enfants. Toutes les communications étaient désormais interdites. C’était de ce camp de Westerbork que sœur Thérèse Bénédicte envoya un dernier cri à l’aide. Elle téléphona à Utrecht en essayant d’obtenir un permis pour y rester temporairement. Elle espérait que le consulat suisse d’Amsterdam puisse les sauver.
Un bon nombre de témoins oculaires ont pu faire le récit du comportement d’Édith lors de son emprisonnement à Amersfoort et Westerbork. On fait mention de son silence, de son calme, de sa maîtrise de soi, de sa volonté de consoler et de réconforter d’autres femmes, du soin qu’elle portait aux plus petits en les lavant, les peignant et faisant en sorte qu’ils soient tous nourris. Des gardes ont même dit qu’elle se déplaçait comme un ange au milieu de personnes vivant dans la saleté, la misère et dans une terreur indicible.
Le 9 août 1942, les sœurs Stein furent assassinées dans une chambre à gaz, le jour même de leur arrivée à Auschwitz-Birkenau. Leurs cendres furent soit enterrées dans une fosse commune soit jetées dans un étang voisin. Plusieurs autres personnes les ont accompagnées dans ce voyage, des compagnes de souffrances et des martyres. En plus de sa sœur Rose, qui était tertiaire et portière au Carmel de Echt, on retrouve d’autres connaissances : Alice Reis, née à Berlin et dont le catéchuménat avait été préparé avec Édith; Dr. Ruth Kantorowicz, journaliste et libraire d’Hambourg, elle était l’amie d’Édith depuis sa tendre enfance. Ruth voulait devenir une sœur carmélite à Maastricht mais elle n’avait pas été acceptée au noviciat. Alors, elle était devenue une sœur ursuline du couvent de Velno comme aidante externe, lorsqu’elle fut arrêtée le 2 août 1942.
Thérèse Bénédicte de la Croix avait 51 ans lorsqu’elle mourut martyre. Bien que sa vie fût anéantie par l’Holocauste, sa mémoire reste intacte comme une lampe allumée au milieu du mal, des ténèbres et de la souffrance. Elle est un symbole de l’unité inhérente entre le judaïsme et le christianisme. Parce que dédiée totalement au bien des autres, elle représente une force morale pour toute l’humanité.
Le 1er mai 1987, lors d’une Messe célébrée par le pape Jean-Paul II à Cologne en Allemagne, Édith Stein, sœur carmélite et victime de l’Holocauste à Auschwitz, était béatifiée avec le père Rupert Mayer, prêtre jésuite connu pour sa résistance contre les Nazis.
Le 11 octobre 1998, en la Place Saint-Pierre, saint Jean-Paul II célébrait la Messe de canonisation de la Bienheureuse sœur Thérèse Bénédicte de la Croix, carmélite déchaussée et martyre. Dans son homélie, le saint Pape demandait à ce que son témoignage puisse « renforcer encore plus les ponts de compréhension mutuelle entre les chrétiens et les juifs ». Saint Jean-Paul II la nomma ainsi « une éminente fille d’Israël et une fidèle fille de l’Église ». Il affirma également : « Désormais, chaque 9 août, lorsque nous célèbrerons la mémoire de cette nouvelle sainte, nous ne pourrons oublier la tragédie de la Shoa et ce sauvage plan d’extermination de personnes qui a coûté la vie à des millions de nos frères et sœurs juifs ».
« Sœur Thérèse Bénédicte de la Croix nous dit à nous tous : N’acceptez rien comme vrai de ce qui ne vient pas de l’amour. N’acceptez rien comme amour de ce qui n’est pas dans la vérité ! Un sans l’autre est blessant et mensonger. »
« Plusieurs de nos contemporains voudraient faire taire la Croix. Toutefois, rien n’est plus éloquent qu’une Croix silencieuse ! Le vrai message de la souffrance est une leçon d’amour. L’amour permet à la souffrance de porter du fruit, et la souffrance approfondit l’amour. »
Le 1er octobre 1999, saint Jean-Paul II a déclaré saint Thérèse Bénédicte de la Croix patronne de l’Europe aux côtés de sainte Brigitte de Suède et sainte Catherine de Sienne. Jean-Paul a dit qu’ensemble, avec ces deux autres grandes femmes, Thérèse Bénédicte représentait la sainteté adaptée à l’Europe d’aujourd’hui c’est-à-dire : « le secret de son passé et l’espoir de son futur ».
 
Collecte de la Messe pour la fête de sainte Thérèse Bénédicte de la Croix :
 Dieu de nos Pères,
Tu as conduit la bienheureuse martyre Thérèse-Bénédicte
à connaître ton Fils crucifié et à l’imiter jusque dans la mort;
par son intercession, accorde à tous de reconnaître dans le Christ leur Sauveur
et, grâce à lui, de parvenir à te contempler pour l’éternité.
Lui qui vit et règne dans l’Unité de l’Esprit Saint,
Un Dieu pour les siècles des siècles
Amen


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