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La gloire cachée du Mont Thabor

P. Thomas Rosica

lundi 15 février 2016

Transfiguration

Réflexion biblique du père Thomas Rosica c.s.b. pour le deuxième dimanche de Carême C (21 février 2016)

L’évangile d’aujourd’hui nous présente la Transfiguration du Seigneur, l’une des plus mystérieuses et impressionnantes visions du Nouveau Testament qui nous soient racontées dans les synoptiques (Marc 9, 2-8; Matthieu 17, 1-8; Luc 9, 28-36). La version de Luc de la Transfiguration se trouve au chapitre 9 à la suite de plusieurs épisodes centrés sur l’identité de Jésus. Le chapitre entier est consacré à la question d’Hérode (9, 9) « Mais qui est cet homme dont j’entends tellement parler ? ». Dans les chapitres suivants, Luc donne au lecteur différentes réponses. Jésus est l’unique dans lequel la puissance de Dieu est présente et qui pourvoit aux besoins du peuple de Dieu (9, 18-21). Pierre le déclare « Le Messie de Dieu ». Jésus dit qu’il est le Fils de l’Homme souffrant (22, 43-45). Jésus est le Maître qui est à suivre, même jusqu’à la mort (9, 23-27). Finalement, Jésus est le Fils de Dieu, son élu (9, 28-36) révélé dans cette scène majestueuse de la Transfiguration.
Luc comme Matthieu et Marc met ce récit immédiatement après la première annonce de la passion, une place qui donne à la Transfiguration une importance stratégique parallèle à celle du baptême de Jésus (3,21-22). Après s’être soumis au baptême et avant de commencer son ministère public, Jésus a reçu la confirmation venant du ciel qu’il est le Fils de Dieu. Située très vite après la première annonce de la passion, de la mort et résurrection, la scène de la Transfiguration de Jésus fournit la confirmation céleste de la déclaration de Jésus au sujet de sa passion qui se terminera dans la gloire (9, 32).
Les six jours, la haute montagne, la lumière irradiant de son visage, et le nuage se trouvent aussi dans le récit de Moïse au Mont Sinaï. (Exode 19, 16; 24, 15-18; 34, 29-35). Dans Luc, la “montagne” est le lieu habituel de prière (cf.  6,12; 22, 39-41). Élie et Moïse représentent l’Ancien Testament, la Loi et les Prophètes. Selon la tradition juive, ils ne meurent pas mais vont directement au ciel. Les « Tabernacles » ou tentes font référence au Festival des Cabanes, des Tentes. Luc qualifie cette rencontre au sommet « d’exode, de départ » (v. 31) de Jésus, une référence à sa mort, sa résurrection et son ascension qui se situeront à Jérusalem, la ville de son destin (9, 51). La mention de départ rappelle l’exode des israélites d’Égypte vers la terre Promise. À la fin de cet épisode, la voix céleste, dont les paroles sont semblables à celles du baptême de Jésus, l’identifie à celui qui doit être écouté (9, 35).
La toile de fond du récit de la Transfiguration
La Transfiguration d’après Luc est racontée d’une manière frappante afin de rappeler plusieurs passages de l’Ancien Testament. Rappelons-nous une autre révélation de Dieu au sommet d’une montagne en Exode 24, 12-18. Dans ce récit, «la gloire du Seigneur demeura sur la montagne du Sinaï, que la nuée recouvrit pendant six jours. Le septième jour, le Seigneur appela Moïse du milieu de la nuée. La gloire du Seigneur apparaissait aux fils d’Israël comme un feu dévorant, au sommet de la montagne. Moïse pénétra dans la nuée et gravit la montagne. Moïse resta sur la montagne quarante jours et quarante nuits. »
Plusieurs détails sont communs à la théophanie de l’Exode et au récit de la Transfiguration: la montagne, le nuage, la gloire. De plus, le visage rayonnant de Moïse après avoir été en présence de Dieu (Exode 34, 29-35), influença sûrement l’évangile d’aujourd’hui et aide à situer la transfiguration dans le contexte d’événements révélateurs.
Après des jours et des nuits de tentation au désert et avant la noirceur du Golgotha, les rayons glorieux de la Transfiguration éclatent. Une chose est claire au Mont Thabor : Jésus et ses trois disciples font une expérience profonde de la présence de Dieu. Il a été dit que la destinée de tout chrétien est écrite entre deux montagnes : du Calvaire et de la Transfiguration. Lorsque nous regardons de près l’évangile de ce dimanche, nous trouvons de l’espoir dans notre itinéraire de Carême. Chacun de nous a besoin d’une dose de gloire pour traverser ses nuits de terreur.
La géographie du récit de la Transfiguration chez Luc
La géographie nous permet de mieux comprendre cet événement. Nous avons besoin de situer le Mont Thabor en lien avec Dabboryeh et Nain, deux villages proches. Au chapitre 7 de l’évangile de Luc, Jésus ressuscite le fils de la veuve du petit village de Nain, à l’opposé du Mont Thabor. Jésus se bat contre la mort du fils unique de la veuve et sa renommée se répand à travers la région. Par ce miracle, Jésus brise les barrières en touchant le jeune mort et en lui rendant la vie.
Ensuite, immédiatement après le récit de la Transfiguration, Jésus et les disciples descendent de la montagne vers une petite ville au pied de celle-ci. Bien qu’elle ne soit pas nommée dans le Nouveau Testament, cette ville s’appelle aujourd’hui Dabboriyeh en arabe, d’après la légendaire prophétesse et juge Deborah au livre des Juges dans l’Ancien Testament. Comme Jésus passe près du village, un homme accourt de la foule pour lui faire part de l’épilepsie de son fils unique. Une fois encore, Jésus se bat contre la souffrance et la tristesse humaines : il réprimanda l’esprit impur, guérit le garçon et le rendit à son père (9, 42).
L’événement de la Transfiguration se situe entre Nain et Dabborriyeh, presque comme une transition ou une pause au court du voyage de Jésus vers Jérusalem.  La résurrection du fils de la veuve et la guérison de l’enfant épileptique mettent en parenthèse l’expérience du Mont Thabor. Le désir des apôtres de rester au sommet de la montagne illustre la grande tentation de vouloir rester en place; d’éviter les difficultés, les risques, les controverses et les défis de la vie. Au moment où ils préféreraient rester en retrait, loin des foules déchaînées, à distance des risques de toucher les morts, immunisés de l’impureté rituelle, libres de combattre les démons, Jésus les conduit en bas de la montagne pour les confronter à plus de démons et apporter la guérison gratuite de Dieu à tous ceux et celles qui souffrent.
Les leçons du sommet
Qu’est que les apôtres ont appris au sommet de la montagne? Ils ont scruté profondément l’identité de Jésus et ont mieux compris sa mission divine venant du ciel. L’expérience du Mont Thabor est nécessaire au milieu de l’itinéraire vers Jérusalem, pour qu’il fortifie Jésus et les apôtres et nous aide, aussi, à obtenir la perspective nécessaire, la vision et la force requises pour vivre en disciples du Christ.
À partir de cette expérience de la Transfiguration,  nous pourrions très bien nous demander : Pourquoi Dieu a-t-il caché toute la gloire sur le Mont Thabor, où personne d’autre que Pierre, Jacques et Jean, ne pouvait en être témoins ? Pourquoi Dieu ne l’a-t-il pas réservée pour la croix ? Nous devons traverser l’obscurité avant d’être inondés de lumière. La Transfiguration nous apprend que la vie lumineuse de Dieu inclut la mort et qu’il faut passer à travers, qu’il n’y a pas d’autre chemin. Cela nous rappelle également que l’obscurité terrifiante peut être radieuse et éblouissante.
Nos moments au Mont Thabor
En regardant l’année écoulée, essayons d’identifier quelques “moments  Thabor” de nos propres itinéraires. Qui était avec nous en ces moments-là ?  Pourquoi ces moments furent-ils si importants ? Qu’est ce qui nous a fait avoir peur sur la montagne ? Pourquoi cela fut-il si bon d’être là? Qu’est-ce qui nous a fait peur de redescendre ? Qui ou quoi nous attendait au pied de la montagne? Quel moment de notre parcours nous parle le plus et nous envoie avec une vision renouvelée ? Quelle est notre nouvelle vision ? Comment pouvons-nous devenir des gens croyants avec compassion au milieu des transitions de notre vie ?
En ce deuxième dimanche de Carême, contemplons la Transfiguration comme la présence du Christ qui se charge de tout ce qui est en nous et transfigure même ce qui nous dérange. Dieu pénètre ce qui est endurci, incrédule dans notre être, même nos régions troublées, dont nous ne savons pas quoi faire. Dieu les pénètre de sa lumière radieuse, avec la vie de son Esprit, et laisse sur elles l’empreinte de son visage.
Cette semaine, soyons comptés parmi ceux qui écoutent la parole du Christ et en sont transfigurés. Comme nous descendons de la montagne, prions avec les belles paroles de la bienheureuse Teresa de Calcutta qui s’est inspirée du Vénérable cardinal John Henry Newman en formulant cette prière pour sa communauté :
Cher Jésus, aide-moi à répandre ton parfum partout où je vais.
Inonde mon âme avec Ton esprit et ta vie. Pénètre et prends possession de tout mon être afin que toute ma vie puisse être seulement un rayonnement de Toi.
Brille à travers moi et sois en moi afin que toute âme avec laquelle je serai en contact puisse sentir Ta présence en mon âme.
Qu’elles ne contemplent que seulement Jésus !
Reste avec moi et puis je commencerai à briller comme tu brilles, afin d’être lumière pour les autres.
La lumière, Ô Jésus, viendra totalement de Toi, rien ne viendra de moi : Ce sera Toi qui éclaireras les autres à travers moi :
Que je Te loue de la meilleure manière:
En brillant sur ceux qui sont autour de moi.
Que je Te prêche sans prêcher, non par des paroles mais par mon exemple, en tirant la force, l’influence compatissante de ce que je fais, la plénitude évidente de l’amour que mon cœur porte en Toi.
Amen.


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