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L’occasion qui ne se représentera pas

P. Thomas Rosica

mardi 20 août 2013

Réflexion biblique du 21e dimanche du temps ordinaire
Bien que l’Évangile d’aujourd’hui (Luc 13, 22-30) puisse bien être un recueil des dictons de Jésus, émis dans différents contextes mais rassemblés ensemble ici sous le titre général de « qui sera sauvé », le ton général du sens de tout l’ensemble est clair : la bonne nouvelle est offerte : « totale et entière » et doit être acceptée de la même manière. Les paroles de Jésus suivent les paraboles du royaume (Luc 13, 18-21) et mettent l’accent sur le grand effort requis pour entrer dans le royaume (13, 24) et sur l’urgence d’accepter l’opportunité présente d’entrer parce que la porte étroite ne restera pas ouverte indéfiniment (13, 25). Derrière cette affirmation se cache le rejet de Jésus et de son message par ses contemporains juifs (13, 26) dont les places au banquet dans le royaume seront prises par les Gentils des quatre coins du monde (13, 29). Ceux qui sont appelés derniers (les Gentils) précéderont ceux auxquels l’invitation fut adressée en premier (les Juifs).
Seigneur, qui peut-être sauvé ?
CefaluDome-Pantokrator
En réalité, la question posée à Jésus est: « N’y aura-t-il que quelques-uns qui seront sauvés ? » Jésus répond en disant que la voie est ouverte mais le chemin d’accès au royaume est étroit et exige plus qu’un intérêt passager. En effet, la porte ne restera pas toujours ouverte. Dieu veut nous mener à l’eschaton (la fin des temps), et quand la porte est fermée, c’est fermé. La porte ne pourra certainement pas être réouverte par les personnes qui affirment avoir vu Jésus une fois lors d’une visite dans leurs villes et leurs villages ou quand il a prêché dans leurs rues ou qu’ils ont vu une fois parmi la foule ou qu’ils ont rencontré des membres de sa famille. De tels appels ne sont pas seulement futiles mais aussi compromettant pour eux-mêmes par ce que leurs opportunités portent aussi des obligations. En plus de la douleur de rester assis devant une porte close, il y aura la vue du grand nombre de gens qui sont admis, non seulement ceux qui sont attendus parmi les anciens fideles d’Israël mais aussi les Gentils, que l’on n’attendait pas, qui ont entendu et cru. Voilà une opportunité pour Israël et pour nous d’évaluer où nous en sommes par rapport au Royaume de Dieu.
Que signifie être sauvé ?
Pour être sauvés en tant que chrétiens, nous devons reconnaître Jésus comme maître. De l’évangile de ce dimanche, nous apprenons que Jésus ne peut pas reconnaître toute personne qui porte le nom de « chrétien », mais il reconnaîtra immédiatement tous ceux qui vivent en portant l’étiquette de « chrétien ». Chacun de nous doit repenser à toutes les notions que nous avons du royaume de Dieu, à qui sera sauvé. Ceux que nous croyons les moins aptes pourront être les premiers à l’être et vice-versa. Le salut est le parcours de toute une vie. Dieu nous trouve et nous choisis quelque part sur le chemin. Dans cet itinéraire, nous sommes amis avec Dieu et les uns les autres, et nous entrons plus en profondeur dans tout le mystère de Dieu. De plus, cet itinéraire entier qui nous transforme est fait par amour.
Le salut en Jésus-Christ
Les difficultés qui accompagnent parfois nos efforts d’évangélisation tournent autour du problème du salut de ceux qui n’appartiennent pas visiblement à l’Eglise. Dans sa brillante encyclique Redemptoris Missio, le pape Jean-Paul II a écrit que le don du salut ne peut pas être limité : « L'universalité du salut ne signifie pas qu'il n'est accordé qu'à ceux qui croient au Christ explicitement et qui sont entrés dans l'Eglise. Si le salut est destiné à tous, il doit être offert concrètement à tous. » Reconnaissant que de nombreuses personnes n’ont pas accès au message de l’Évangile il ajoute : « Mais il est évident, aujourd'hui comme dans le passé, que de nombreux hommes n'ont pas la possibilité de connaître ou d'accueillir la révélation de l'Evangile, ni d'entrer dans l'Eglise. Ils vivent dans des conditions sociales et culturelles qui ne le permettent pas, et ils ont souvent été éduqués dans d'autres traditions religieuses. » (RM 10)
Nous ne devons jamais justifier la position du relativisme de beaucoup de nos contemporains qui maintiennent qu’une voie de salut peut être trouvée dans n’importe quelle religion, même indépendamment de la foi au Christ le Rédempteur, et que le dialogue interreligieux doit reposer sur cette idée ambigüe. Cette solution au problème du salut de ceux qui ne professent pas la croyance chrétienne n’est pas conforme à l’Évangile. Nous devons plutôt maintenir que la voie du salut passe toujours par le Christ et par conséquent par l’Église et ses missionnaires qui ont la tâche de le faire connaître et aimer en tout temps, lieu et culture. En dehors du Christ « il n’y a pas de salut »
Comme Pierre l’a proclamé devant le Sanhédrin au tout début de sa prédication apostolique: « En dehors de lui, il n'y a pas de salut. Et son Nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver. » (Actes 4, 12)
Êtes-vous sauvés ?
Est-ce que quelqu’un ne vous a jamais demandé si vous aviez été sauvé? Il y a plusieurs années, je marchais dans le centre-ville de Toronto pour aller donner une conférence, portant le col romain et perdu dans mes pensées quand un petit groupe de gens sur la rue m’accoste et me demande : « Hey mon père, avez-vous été sauvé ? » C’était la dernière chose que j’avais besoin d’entendre ce soir-là ! Je leur ai dit que je ne pouvais pas répondre à leur question. Mon esprit était occupé par le discours que je devais prononcer plus tard à des gens d’affaires catholiques lors d’un souper. L’un d’eux répliqua : « Vous les catholiques vous n’êtes pas sauvés, et vous ne comprenez pas ce que cela signifie ! »
Cette rencontre m’a fait réfléchir. De telles questions au sujet du salut ne m’ont jamais été posées dans des facultés de théologie ou des réunions d’Église. On me demande souvent si j’ai été sauvé lorsque je marche le centre-ville ou à l’entrée du grand centre d’achat qui s’y trouve. Je me suis dit à moi-même : « Ne sont-ils pas simplement des gens élevés pauvrement, des gens de la rue ou des fondamentalistes qui rompent rudement ma tranquille réflexion avec leurs questions impertinentes ? Cependant il faut faire face à cette question, spécialement nous catholiques qui ne sommes pas souvent versés dans le langage biblique du salut et qui ne sommes pas habitués à fournir une réponse à une question si essentielle. La prochaine fois qu’on nous demande si nous avons été sauvés, nous devrions bien considérer un peu cette idée et nous serons agréablement surpris des résultats de nos réflexions.
L’architecte de la foi chrétienne
Dans la seconde lecture de la lettre aux Hébreux, (12, 4-7; 11-13) la vie chrétienne est inspirée non seulement par les hommes et les femmes de foi de l’Ancien Testament (12, 1), mais par-dessus tout par Jésus. En tant qu’architecte de la foi chrétienne, il avait lui-même enduré la croix avant de recevoir la gloire de son triomphe (12, 2). La réflexion sur ses souffrances devrait nous donner du courage pour continuer la lutte, si nécessaire jusqu’au sang (12,3-4). Les chrétiens devraient considérer leurs propres souffrances comme la correction affectueuse du Seigneur, qui les aime comme un père aime ses enfants.
Prier pour le salut des autres
Prier pour le salut des autres
Le 28 août, l’Eglise se souvient de sainte Monique, mère de saint Augustin. S’il est quelqu’un qui a prié pour le salut d’un être aimé c’est bien Monique. J’ai rencontré plusieurs parents qui m’ont confié leur soucis envers leurs enfants. Je parle de Monique à chacun d’eux, leur rappelant qu’elle est une grande intercesseure pour les parents et les enfants en détresse. Monique s’est sans doute souvent posé cette question : Quand et comment mon fils sera-t-il sauvé ? » alors qu’elle attendait avec une grande persévérance et patience la conversion de son fils Augustin.
Monique avait de nombreuses raisons de s’inquiéter pour son fils. A 18 ans Augustin avait une maîtresse et un enfant. Puis, il s’est joint au culte religieux des Manichéens. Faire la morale à Augustin ne fonctionnait pas et le déshérité n’a fait que l’éloigner. Quand elle demanda à l’évêque d’intervenir, il lui donna une réponse différente de celle qu’elle attendait : « Laisse-le être ce qu’il est. Prie simplement pour lui. » Et donc elle a prié – même quand Dieu semblait l’ignorer. Augustin s’est rendu en bateau à Rome même si Monique avait supplié Dieu de l’arrêter. Mais Dieu connaissait sa véritable prière – et à Rome Augustin en apprit assez pour rejeter les Manichéens, il n’était toutefois pas encore chrétien.
Patience, fidélité et espérance
Monique est une sainte populaire en qui nous voyons plusieurs caractéristiques importantes: patience – d’abord avec son mari et puis avec son fils qui présenta un comportement presque dysfonctionnel comme on dirait aujourd’hui! Ce fut seulement lors de la dernière année de la vie de sa mère qu’Augustin se convertit au christianisme. Monique fut un modèle de fidélité – elle avait confiance en la providence même si elle endura tant d’obscurité et d’ambigüité. Elle fut aussi un modèle d’espérance – dans son émouvante conversation à Ostie avec son fils, les deux sont en train de contempler la mer et de réfléchir aux questions réelles de vie et de la mort. Écoutons les paroles d’Augustin tirées de ses Confessions au sujet de la foi persévérante de sa mère :
À peu de distance de ce jour où ma mère devait sortir de cette vie, jour que vous connaissiez, mais que nous ignorions, Seigneur, ….. Alors ma mère dit : « Mon fils, pour ce qui me regarde, plus rien ne me charme en cette vie. J’ignore ce que je dois faire encore ici, et pourquoi j’y suis, après que mon espérance de ce siècle a été accomplie. Il n’y avait qu’une seule chose pour laquelle je désirasse rester un peu dans cette vie, c’était de te voir chrétien catholique avant de mourir. Mon Dieu m’a accordé cela au-delà de mes vœux; je te vois son serviteur, non content d’avoir méprisé les terrestres félicités ; que fais-je donc ici ?
— Confessions, livre 9, § 10
Les prières de Monique et son calme et constant témoignage d’amour portèrent fruit dans toute l’Église: Augustin fut baptisé en 387 et devint évêque d’Hippone en Afrique du Nord, moins de dix ans plus tard. Ce fut seulement lors de la dernière année de sa vie que Monique vit son fils se convertir au christianisme. Cela a pris trente-trois ans mais Dieu a répondu à ses prières d’une manière qu’elle n’avait pas prévu – Augustin devint un saint et un docteur de l’Eglise.
Alors que nous nous souvenons et célébrons la vie de cette sainte mère, rendons gloire à Dieu pour la foi ordinaire de nos parents et amis, qui ont été pour nous des modèles de foi, de fidélité, de patience et d’espérance. De telles personnes nous aident à désirer et goûter le salut ici et maintenant.


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Catégories: Homélie, Réflexion biblique

Étiquettes : 22-30, Église catholique, Luc 13, prier pour notre salut, Réflexion biblique, Salut, salut en Jésus, St Augustin, Ste Monique

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