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Vendredi 11 octobre 2013 c'est la fête de Jean XXIII et aussi le 51e anniversaire du Concile

P. Thomas Rosica

Wednesday, October 9, 2013

Buon-Papa
Au cours de l'Année de la Foi, à l'occasion du 50e anniversaire de Vatican II, et le jour de son 50e anniversaire de sa mort, évoquons avec affection et avec gratitude la figure si attachante d'Angelo Roncalli, le troisième des treize enfants d'une famille d'ouvriers agricoles, né le 25 novembre 1881 à Sotto il Monte, dans le nord de l'Italie. À l'âge de 12 ans, il entrait au séminaire diocésain de Bergame où il subit l'influence de dirigeants progressistes du mouvement social italien. Ordonné prêtre le 10 août 1904 et bientôt nommé secrétaire du nouvel évêque de Bergame, il s'initia à ses côtés aux formes de l'action sociale et apprit de lui à comprendre les problèmes des classes laborieuses. Il enseigna aussi au séminaire diocésain. En 1915, il fut mobilisé et servit sur le front pendant la Première Guerre mondiale dans un corps d'infirmiers et d'aumôniers. En 1921, il était appelé à Rome par le Pape, qui le nomma directeur pour l'Italie de la Société de la propagation de la foi. Il fut consacré archevêque en 1925 et envoyé comme diplomate en Bulgarie. En 1934, il était transféré en Turquie et en Grèce.
À l'âge de soixante-quatre ans (1944), Roncalli fut choisi par Pie XII pour le poste délicat de nonce à Paris, où il s'employa à guérir les divisions causées par la guerre. À 72 ans, il était nommé cardinal et patriarche de Venise : il avait pour la première fois la charge d'un diocèse, d'un grand diocèse. Connu pour son conservatisme et sa profonde humanité, il gagna bientôt l'affection de ses gens : il visitait les paroisses, se préoccupait de la classe ouvrière, ouvrait de nouvelles dessertes et développait diverses formes d'action sociale. En 1958, à la mort de Pie XII, il fut élu pape : il avait près de 77 ans. Bien des gens s'attendaient à ce qu'il ne soit qu'un administrateur et un pape de transition. Mais il surprit l'Église et le monde par son énergie et son esprit de réforme. Il agrandit et internationalisa le collège des cardinaux, réunit le premier synode du diocèse de Rome, entreprit la révision du Code de droit canonique et convoqua le Deuxième Concile du Vatican en lui donnant pour mandat précis de renouveler la vie et l'enseignement de l'Église et de réunir les chrétiens du monde entier.
Dans le discours qu'il prononça lors de l'ouverture du Concile, le 11 octobre 1962, le pape Jean déclara :
"Il arrive souvent que dans l'exercice quotidien de Notre ministère apostolique Nos oreilles soient offensées en apprenant ce que disent certains qui, bien qu'enflammés de zèle religieux, manquent de justesse de jugement et de pondération dans leur façon de voir les choses.
Dans la situation actuelle de la société, ils ne voient que ruines et calamités; ils ont coutume de dire que notre époque a profondément empiré par rapport aux siècles passés; ils se conduisent comme si l'histoire, qui est maîtresse de vie, n'avait rien à leur apprendre et comme si du temps des Conciles d'autrefois tout était parfait en ce qui concerne la doctrine chrétienne, les murs et la juste liberté de l'Église. Il nous semble nécessaire de dire notre complet désaccord avec ces prophètes de malheur, qui annoncent toujours des catastrophes comme si le monde était près de sa fin.
Cependant, ce précieux trésor nous ne devons pas seulement le garder comme si nous n'étions préoccupés que du passé, mais nous devons nous mettre joyeusement, sans crainte, au travail qu'exige notre époque, en poursuivant la route sur laquelle l'Église marche depuis près de vingt siècles."
Le soir même de l'ouverture du Concile Vatican II, le pape Jean parut à sa fenêtre en réponse aux acclamations et aux chants d'une foule d'environ un demi-million de personnes massées sur la place Saint-Pierre. Il y avait beaucoup de jeunes qui avaient formé une procession aux flambeaux et avançaient en chantant. Le Pape, déjà miné par le cancer, était vieux et fatigué, mais de sa voix haut perchée si caractéristique, il charma l'humanité en prononçant ce qu'on appelle désormais le Discorso della luna, le discours au clair de lune :
"Chers fils et chères filles, j'entends vos voix. La mienne n'est qu'une voix isolée, mais elle reprend la voix du monde entier. Et ici, de fait, ce soir, le monde entier est représenté. On pourrait même dire que la lune elle-même se rapproche ce soir pour pouvoir observer, de là-haut, un spectacle que la basilique Saint-Pierre elle-même en quatre siècles d'histoire n'a jamais pu contempler.
Peu importe ma propre personne c'est un frère qui vous parle, un frère devenu un père de par la volonté de notre Seigneur, mais c'est à la fois la paternité, la fraternité et la grâce de Dieu qui célèbrent ensemble ce que nous ressentons cette nuit, et ce que nous ressentons, nous l'exprimons à la face du ciel et de la terre : la foi, l'espérance, l'amour, l'amour de Dieu, l'amour du prochain tout ce qui a contribué à l'oeuvre du bien sur la route de la paix du Seigneur. Continuons donc, alors, de nous aimer les uns les autres, de prendre soin les uns des autres le long de la route, d'accueillir celui ou celle qui s'approche, et veillons à écarter les obstacles qui se présenteront.
En rentrant à la maison, vous allez retrouver vos petits. Embrassez-les, faites-leur un câlin et dites-leur : « c'est le Pape qui t'embrasse ». Et quand vous les trouverez en larmes, ayez toujours un bon mot pour eux. Pour toute personne qui souffre, ayez une parole de réconfort. Dites-lui : « le Pape est spécialement proche de nous aux heures de tristesse et d'amertume ». Et alors, tous ensemble, sachons toujours nous relever, rependre vie pour changer, pour respirer, pour pleurer, mais toujours pleins de confiance au Christ qui nous aide et qui nous entend. Continuons d'avancer sur la route."
Le discours improvisé du bienheureux Jean XXIII à sa fenêtre, ce soir-là, fait maintenant partie de la légende romaine. Cette nuit-là, la première du Concile Vatican II, une ère nouvelle s'ouvrait pour l'Église. Le Saint-Père pensait que le concile allait se terminer en quelques mois, mais Jean XXIII allait mourir avant la deuxième session de Vatican II. Quand il retourna au Père, le 3 juin 1963, il avait mérité l'affection des chrétiens et des non-chrétiens. « Papa Giovanni », comme on l'appelait, avait conquis des millions de personnes à travers le monde. Sa largeur de vue et sa chaleur contagieuse soulignaient la pertinence de l'Église dans une société en évolution rapide et mettaient en évidence dans le monde moderne les vérités les plus profondes de l'Église.
Jean XXIII fut béatifié en juin 2000 par un successeur Jean-Paul II, et sa fête a été fixée non pas à la date de sa mort, le 3 juin, mais plutôt au 11 octobre, jour de l'ouverture du Concile Vatican II. En faisant mémoire de Jean XXIII et en évoquant l’audace et le courage de sa vision de l’Église et de l’humanité, implorons son intercession pour tous nos efforts dans l'Eglise aujourd'hui.
Prions pour que toutes nos paroles, nos écrits et nos initiatives dans notre Église post-conciliaire soient empreints avant tout de cette humanité profonde, émouvante et entraînante du bienheureux Jean XXIII, qui a su arracher l’Église à son sommeil historique et ecclésiastique au moment où personne ne s’y attendait vraiment.
Bienheureux Jean XXIII, priez pour nous!


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